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Convention collective des journalistes : Cinq ans après et… de maigres résultats

mardi 7 janvier 2014

06 janvier 2009- 06 janvier 2014. Voilà déjà cinq ans que la convention collective des journalistes professionnels et assimilés a été signée. Un document dont la mise en œuvre est sensé résoudre un certain nombre de maux qui minent la presse burkinabè et renforcer la crédibilité et les performances professionnelles du journaliste et du technicien de l’information au Burkina. par ce document, les patrons de presse, eux, bénéficient de garanties de nature à assurer la sédentarité de leurs employés formés. Mais, cinq ans après, le bilan est mitigé.


Acteurs incontournables de la démocratie, les journalistes ne devraient pas être les parents pauvres de la société. Ils ont la mission quotidienne de traduire les aspirations profondes des citoyens dans la conduite de leur destin et leur quête de bonheur. A ce titre, un statut social convenable ne leur ferait pas de mal. Et, une convention collective était mieux indiquée pour apporter des solutions à ces exigences. La mise en œuvre de cette convention collective devrait contribuer à résoudre l’état de précarité des journalistes burkinabè et autres techniciens de l’information, tout en renforçant leur crédibilité et leurs performances professionnelles. Quant aux patrons de presse, ce document leur offre des garanties de nature à assurer la sédentarité de leurs employés formés sur le budget de l’entreprise médiatique.

C’est pourquoi, la signature de la convention collective des journalistes professionnels et assimilés au Burkina Faso, le 06 janvier 2009, avait suscité beaucoup d’espoir de part et d’autres. Surtout du côté des scribouillards. Malheureusement, elle connaîtra des difficultés dans son application. Si bien que, cinq ans après son entrée en vigueur, la convention collective peine à être effective. La plupart des agents n’en bénéficient que très peu. Les patrons de presse, eux, attendent toujours les facilités promises par le gouvernement.

Seulement 2 journaux en règle en 2012

Le Conseil supérieur de la communication (CSC), principal artisan des négociations ayant conduit à la signature dudit document, a diligenté une étude pour faire l’état des lieux de l’application de la convention collective (janvier-avril 2012). Des résultats de l’enquête, il ressort que seuls 19 organes, sur la soixantaine contactée, ont répondu aux questionnaires, soit 11 radios et 8 journaux. Et, seuls deux journaux privés s’acquittaient normalement de leurs obligations. Pire, certains patrons d’organe de presse attendent la subvention de l’Etat à la presse privée pour payer leurs agents. En tous les cas, tous ceux qui ont été interrogées ont soulevé des difficultés réelles dans l’application des dispositions de la convention.

Ces difficultés sont essentiellement d’ordre financier. C’est pourquoi, les patrons de presse souhaitent bénéficier de mesures d’un accompagnement plus substantiel de l’Etat notamment l’octroi d’une aide structurelle sous forme d’une fiscalité spéciale pour la presse, l’augmentation du montant de la subvention de l’Etat (actuellement plafonnée à 250 millions de francs CFA), l’exonération des droits de douanes du matériel de travail des journalistes…

Des acquis…

Depuis l’entrée en vigueur de la convention collective en 2009, les acquis sont, certes, maigres. Mais, il en existe au moins. Ces acquis sont, entre autres : la réduction des redevances du Bureau burkinabè des droits d’auteur (BBDA) au profit des organes de la presse privée, la réduction des redevances de l’Autorité de régulation des communications électroniques(ARCEP) au profit des médias audiovisuels non commerciaux, les mesures d’exonération au titre de l’année 2010 des droits de douanes et des taxes sur la valeur ajoutée à l’importation du matériel spécifique de presse, adoptées par le gouvernement burkinabè, l’extension de la convention collective aux médias non commerciaux.

L’application de la convention collective nécessite une synergie d’action et chaque acteur (journaliste, patron de presse, gouvernement) devra jouer pleinement sa partition en vue d’une émergence de véritables entreprises de presse et l’assainissement du secteur de la communication. Et, le conditionnement du bénéfice de la subvention de l’Etat par l’application de la convention collective ne serait pas de trop. Ce serait même un grand pas.

Moussa Diallo

Faso-tic.net