Journée Mondiale pour la liberté de la presse : le métier de journaliste est de plus en plus dangereux
dimanche 5 mai 2013
<img327|left>Le vendredi 3 mai, le monde célébrait la journée pour la liberté de la presse. Si cette dernière fêtait cette année sa 20e édition – c’est en 1993 qu’elle a été officiellement proclamée pour la première fois par l’Assemblée générale des Nations Unies -, cet anniversaire n’avait pourtant rien de réjouissant tant la situation de nos confrères à travers le monde est alarmante.
En effet, on dénombre, pour la seule année 2012, 121 journalistes assassinés dans l’exercice de leurs fonctions. Bien sûr, chacun sait que notre métier comporte certains risques, surtout dans les endroits dits « sensibles ». Il suffit de lire les recommandations de Reporter Sans Frontières destinées aux journalistes en zones dangereuses 1 pour s’en convaincre.
Mais, au-delà des balles perdues et mines antipersonnel, il existe aussi d’autres risques auxquels chacun de nous peut être exposé : à commencer par celui du délit d’opinion. La dépénalisation de ce dernier faisait partie des sujets évoqués avec, en guise d’illustration, l’affaire de l’ « Ouragan » 2 , encore présente dans l’esprit d’un bon nombre de journalistes burkinabè. Pour l’avocat Prosper Farama, le « délit de presse » demeure en tout cas une notion caduque puisqu’on devrait juger quelqu’un en fonction de la nature de l’infraction commise plutôt que par sa fonction.
Dans le même esprit que la résolution 29 de l’UNESCO 3 , l’Observatoire Burkinabè des Médias (OBM) a pu affirmer sa volonté de mettre l’accent sur la déontologie et la formation des journalistes, de manière à ce que ceux-ci aient toutes les ressources juridiques et théoriques pouvant leur éviter de se mettre en danger. Ces solutions préventives ne pourront bien sûr pas s’affranchir du partenariat de la société civile, des associations, etc.
A l’heure d’internet et de la mondialisation, il s’agit également de rappeler que les médias ont un pouvoir qui dépasse largement le simple cadre informatif. Utilisée depuis des années par les gouvernements dans le but de s’accaparer l’opinion publique, l’information est bel et bien un « outil de guerre » (cf. l’instrumentalisation des médias pendant la Guerre du Golfe, par exemple). Dans ce contexte, les journalistes ont une responsabilité immense. A eux, d’abord, d’en assumer les conséquences.
Pierre Mareczko (stagiaire)
Lefaso.net
A lire :
1. les recommandations de Reporter Sans Frontières destinées aux journalistes en zones dangereuses
2. Justice : Le directeur de publication de l’Ouragan condamné à 12 mois de prison