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Yibeog Kibaré : L’émission de Canal 3 qui révolutionne le milieu des medias au Faso

jeudi 11 février 2010

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Il est 9h à Ouagadougou. Une émission passe sur la télévision privée Canal3. Elle est en langue nationale mooré et les appels téléphoniques fusent. Le débat est intéressant. Un invité est sur le plateau ; il s’exprime sur la dernière décision de loi portant sur les taxes de circulation que doivent payer les détenteurs d’engins. Déjà 9h30 ; l’émission est terminée. Tous les appels téléphoniques n’ont pas pu être répondus. Mais Amandine Lalsaaga est satisfaite ; la présentatrice qui est là depuis 7h est déjà replongée dans la préparation de l’émission du lendemain.


“Je sors en reportage“, nous confie-t-elle. Amandine Lalsaaga relève du service de la rédaction de Canal3. Le responsable en est Samuel Somda qui a le dernier mot sur le thème a abordé dans l’émission et sur l’invité du jour. Après le terrain, mademoiselle Lalsaaga fera elle-même le montage de son élément comme il est de coutume pour tous les journalistes de la télévision. “J’attends ensuite que tous les autres journalistes finissent leurs reportages pour les écouter et prendre des notes“ nous expliquera-t-elle. C’est autour de 21h qu’elle quittera la télévision pour rejoindre son domicile et là encore le travail continue. “Arrivée à la maison, je m’exerce à traduire toutes les notes que j’ai prises en mooré ; mais je les traduis seulement dans ma tête, parce que les notes demeurent en français“. Ensuite seulement elle peut fermer l’œil.

Le lendemain, arrivée du réalisateur Françis Bouda dès 7h30 ; hier dans la nuit le décor avait déjà été dressé dans le studio. Amandine qui est déjà là, est en conférence de rédaction avec les autres journalistes. Ensemble, ils définissent l’angle sous lequel le thème du jour sera abordé. Il est 8h. Amandine quitte les locaux de la rédaction pour ceux de la production. Déjà tous les techniciens sont réunis autour du réalisateur. Un tour pour saluer et voilà notre présentatrice qui s’installe sur le plateau. Le technicien du son branche le micro et fait des tests. Celui chargé de l’image recadre les trois caméras qui sont mobilisées pour l’occasion.

Mais aujourd’hui il semble y avoir un léger souci. Samuel Somda, le responsable à l’information est pendu au téléphone, l’air soucieux. « Notre invité nous a fait faux bond », nous explique t-il. Là il faut trouver un invité séance tenante. Mais invité ou pas l’émission se fera ; Amandine Lalsaaga n’est pas perturbée outre mesure ; elle fait confiance au “chef“. Elle a bien raison, car quelques minutes plus tard, un invité fait son entrée. Il est presque 8h30 ; tous les techniciens sont à leur poste. Françis Bouda le réalisateur commence le décompte : 30 secondes,…20 sécondes,…10 sécondes, 5 secondes. ..le générique de l’émission “Yibeog Kibaré“, et voilà Amandine à l’antenne. D’abord, elle fait le tour de l’actualité nationale, puis de l’actualité internationale pour finir par la revue de presse.

A présent l’invité peut s’installer. Juste le temps de le présenter et de présenter le sujet du jour et les premiers appels commencent à fuser. Le réalisateur nous explique : “Nous devons de temps à autre laisser le téléphone décrocher pour permettre à l’invité de s’exprimer“. La gestion du téléphone incombe au producteur. Il se doit d’être vigilant pour raccrocher tout de suite, dès qu’il sent un écart de langage chez le téléspectateur. Ces derniers rebondissent sur les dires des uns et des autres ; certains sont du même avis et d’autres se contredisent mais tous s’expriment librement et en langue mooré.

“Il n’est pas exclu que le dioula fasse son entrée sur nos antennes“ nous confie Samuel Somda. Cette émission nous explique t-il a été conçu sur le modèle d’une émission que nous avons déjà dans la mi-journée, qui revient sur l’actualité ; nous avons donc décidé de reprendre les mêmes informations en mooré, une langue parlée par la majorité des Burkinabè, des analphabètes mais qui ont aussi droit à l’information. Aussi, l’émission à ses débuts ne s’intéressait qu’aux faits de société, comme “le respect des parents“, “l’habillement indécent des filles“ et autres ; mais les téléspectateurs ont eux’mêmes demandé que l’actualité du moment soit abordée ; c’est ce qui a donc été fait. Samuel Somda se félicite du succès de l’émission et Amandine Lalsaaga, elle est devenue une star du petit écran.

Etudiante en Sciences de la Vie et de la Terre à l’Université de Ouagadougou, Amandine Lalsaaga en est à sa première expérience à la télévision Canal 3 ; l’éloquence dont elle fait montre est dû surement aux lectures bibliques, qu’enfant elle faisait dans son Eglise, nous confiera t’elle.

“Yibeog Kibaré“, ou en français “Nouvelles du matin“, voici une émission qui crée donc un genre particulier dans le paysage audiovisuel du Faso. Une formule à succès dont les ingrédients sont : langue nationale, interactions, invité et actualité. Il n’y a pas de doute que d’autres émissions de ce genre verront le jour.

Hermann Nazé