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Burkina : 31 journalistes formés pour un traitement responsable de l’information

dimanche 17 novembre 2024

L’université Thomas-Sankara, à travers son Institut universitaire de formations initiale et continue (IUFIC), a organisé la cérémonie de sortie des deuxième et troisième promotions des auditeurs du certificat multidisciplinaire en journalisme, communication et conflits. C’était le vendredi 15 novembre 2024 à Ouagadougou. La cérémonie a été présidée par la vice-présidente de l’université, Pr Patricia Ouédraogo.


Pr Serge Théophile Balima est le parrain des deux promotions. La cérémonie a connu la présence de l’ambassadeur de Belgique au Burkina Faso, Erwin de Wandel. Le nom de baptême est « Confédération ». Ce programme de formation en journalisme, communication et conflits est mis en œuvre par l’université Thomas-Sankara, en collaboration avec l’université catholique de Louvain, en Belgique. La formation est assurée par des enseignants des deux universités.

Ce certificat vise à renforcer les capacités des journalistes et communicants pour un traitement professionnel de l’information sécuritaire, afin de permettre aux citoyens de recevoir une information saine.

La représentante du président de l’université Thomas-Sankara a remercié l’ensemble des enseignants et acteurs qui ont œuvré pour la bonne marche de la formation. Elle a également rendu un hommage au parrain de la cérémonie, Pr Serge Théophile Balima. « Le Pr Balima est un repère et un modèle à suivre. Son dévouement pour le secteur de l’information et de la communication n’est plus à démontrer, car ses œuvres parlent en sa faveur », a loué Pr Patricia Ouédraogo.

« Vous êtes au carrefour des enjeux des temps modernes »

« Ce certificat d’études supérieures que vous avez arraché avec brio constitue la concrétisation de la nécessaire adaptation des cursus au contexte des sociétés volatiles, confronté aux multiples assauts de l’instabilité institutionnelle et sociale. En choisissant le nom de baptême ‘‘Confédération’’, vous vous inscrivez dans la dynamique de l’histoire. Vous êtes donc des promotions de vision, de réconciliation de nos indépendances politiques, dans un monde en plein bouleversement des alliances géopolitiques et stratégiques. La liberté de la presse dans un contexte de terrorisme ne peut se référer aux normes occidentales inspirées du crédo libéral, qui consacrent la liberté individuelle en temps de paix. Tout comme le Patriot Act aux États-Unis qui permet de violer toutes les libertés au nom de la lutte contre le terrorisme, nous devons nous interroger sur la portée de certaines de nos revendications en ces temps de crises et de conflit. Loin de justifier des pratiques peu orthodoxes, vous devez militer pour la défense et la protection de la liberté de la presse et d’opinion, tant que cette liberté ne porte pas atteinte à la cohésion sociale et au vivre-ensemble », a dit le parrain à ses filleuls.

Pr Serge Théophile Balima a ensuite demandé à ses filleuls d’être modérés dans leurs critiques et de respecter leurs supérieurs hiérarchiques et leurs collaborateurs. Le parrain a également attiré leur attention sur les enjeux de la diffusion des informations dans le contexte actuel du Burkina. « La diffusion d’une information peut être le relais indispensable à l’action des terroristes modernes friands des médias, des réseaux sociaux et des plateformes numériques. Dites-vous que dans le contexte actuel du Sahel, l’action, c’est le message », a-t-il souligné.

Et d’ajouter : « Les communicants doivent savoir que les États, les institutions et les entreprises sont aujourd’hui des manipulateurs. Et le rôle assigné au chargé de communication est de travailler souvent dans des officines de fabrication de vérité aromatisée, pour masquer parfois des réalités moins parfumées. Vous êtes au carrefour de ces enjeux des temps modernes ; il vous faut repenser la conception des responsabilités en termes de rapport au secret, au silence et à la falsification. Il faut respecter le public en respectant la déontologie et l’éthique de la profession. Sachez que toute crise que les décideurs ne gèrent pas par la communication devient une crise de l’information qui nécessite, pour être résolue, que le vide informationnel fasse place à une maîtrise de la communication. »

Selon Abou Nyamba, journaliste, grâce à cette formation, il arrive aujourd’hui à détecter une fake news et à rédiger une stratégie de résolution de crise. Il dit avoir compris l’importance du rôle du journaliste dans la recherche et la consolidation de la paix. Il compte donc mettre en application ce qu’il a appris dans ses reportages. Le nouveau certifié est convaincu que les journalistes doivent être professionnels dans le traitement de l’information, pour éviter que la pratique de leur métier crée de graves problèmes.

Rama Diallo
Le Faso.net

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