Technologies : « En tant que techpreneur, j’ai un rôle multidimensionnel qui implique la conception de solutions viables », explique Relwendé Zoundi, développeur d’applications
lundi 25 novembre 2024
La technologie numérique s’installe de plus en plus dans tous les secteurs d’activités. De nouveaux métiers naissent mais ne sont pas toujours compris de tous. Relwendé Zoundi est un consultant IT, techpreneur et développeur d’applications. Dans l’entretien qui suit, il nous explique le rôle de ses différentes fonctions et nous parle des réalisations qu’il a faites dans le domaine.
Lefaso.net : Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?
Relwendé Zoundi : Je suis titulaire d’un baccalauréat série D obtenu au lycée moderne de Bonoua en Côte d’Ivoire en 2017. Par la suite, j’ai poursuivi des études supérieures à l’Institut burkinabè des arts et métiers (IBAM), où j’ai obtenu en 2020 une licence en Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises (MIAGE). Passionné par les nouvelles technologies, j’ai ensuite choisi de me spécialiser en systèmes d’information et cybersécurité en poursuivant un master 2.
En parallèle de mes études, j’ai entamé ma première expérience entrepreneuriale en tant qu’associé gérant d’une agence de communication digitale, WebVision SARL.
Lors de cette expérience, j’ai dirigé une équipe en tant que chef de projet pour la mise en place du système de gestion d’une microfinance locale. Cette expérience marquante m’a permis d’acquérir une solide expertise dans le domaine des systèmes d’information financiers.
En 2021, j’ai entamé ma carrière en tant que responsable design et applications mobiles dans une structure locale. En 2023, j’ai mis mon expertise au service des étudiants en informatique de 2iE à Kamboinsin, où j’enseigne en tant que professeur remplaçant dans les classes préparatoires (CPGE MENAPL) pour les niveaux licence 1 et licence 2.
Je me suis également lancé comme consultant IT indépendant tout en fondant et dirigeant Kuilinga Technologies, une entreprise innovante d’ingénierie informatique, axée sur la conception d’applications et de systèmes sur mesure adaptés aux besoins locaux et sous-régionaux. C’est d’ailleurs ce qui m’a valu d’être dans le top 50 des jeunes leaders du Prix de l’excellence et de l’entrepreneuriat burkinabè 2024.
Par ailleurs, je suis responsable adjoint au département de la digitalisation et des innovations numériques de l’Alliance des jeunes pour la paix et le développement (AJPD-BF), où je contribue à l’élaboration de projets d’envergure. Je suis également certifié Digital Forensic Examiner et me prépare actuellement pour la certification ISO 27001.
Pouvez-vous nous expliquer ce que signifie être un techpreneur, un développeur et un consultant IT ?
– Être un techpreneur, c’est avant tout être un entrepreneur spécialisé dans la technologie. Ce rôle consiste à utiliser des compétences techniques et une vision stratégique pour identifier des problèmes et développer des solutions innovantes.
Ces solutions peuvent prendre la forme de produits ou services technologiques qui répondent à des besoins spécifiques du marché. Un techpreneur fonde ou dirige souvent des startups en mettant l’accent sur l’innovation et l’impact économique.
Le développeur, quant à lui, est un spécialiste de la conception et du développement de logiciels ou d’applications. Il utilise des langages de programmation comme JavaScript ou Python, etc. pour créer des solutions qui peuvent s’appliquer au web, aux appareils mobiles ou à des systèmes intégrés dans des appareils électroniques. Son travail est souvent axé sur l’écriture de code et la création d’interfaces utilisateur fonctionnelles et performantes.
En revanche, le consultant IT se positionne comme un expert qui accompagne les entreprises dans leur transformation digitale. Son rôle consiste à analyser les besoins technologiques d’une organisation, proposer des stratégies adaptées et veiller à ce que la mise en œuvre des outils informatiques contribue directement aux objectifs d’affaires.
Comment décririez-vous votre rôle de techpreneur et en quoi diffère-t-il du travail d’un développeur classique ?
– Mon rôle de techpreneur ne se limite pas à la programmation ou à la création de logiciels. Il s’agit d’un rôle multidimensionnel qui implique d’identifier des opportunités dans le monde réel, de concevoir des solutions viables et de collaborer avec d’autres acteurs pour transformer ces solutions en entreprises prospères. Par exemple, je m’intéresse autant à l’analyse de marché qu’au développement technologique.
Ce qui me distingue d’un développeur, c’est que je ne me concentre pas uniquement sur l’aspect technique d’un projet. Je prends également en compte l’impact commercial et stratégique, en réfléchissant à la manière dont la technologie peut répondre à des besoins économiques tout en créant de la valeur durable pour les utilisateurs et les investisseurs.
Quelles compétences spécifiques sont indispensables pour exceller dans la conception et le développement d’applications web et mobiles ?
– Pour réussir dans ce domaine, il est essentiel de maîtriser des outils techniques et de combiner ces compétences avec une approche orientée utilisateur. Par exemple, la maîtrise de langages de programmation pour le développement web et mobile. Ces langages permettent de créer des interfaces réactives et performantes adaptées aux besoins actuels des utilisateurs.
Par ailleurs, les compétences en UX/UI design sont cruciales. Il s’agit de concevoir des interfaces intuitives, esthétiques et faciles à utiliser pour garantir une expérience utilisateur agréable. De plus, des connaissances en gestion de projet, comme les méthodologies Agile et Scrum, permettent d’organiser efficacement les équipes et d’assurer le respect des délais et des objectifs. Enfin, une capacité à résoudre des problèmes complexes grâce à une pensée analytique est indispensable pour faire face aux défis techniques.
Comment se déroule une journée typique de travail pour vous ?
– Mes journées varient en fonction des priorités, mais elles suivent une structure bien organisée pour maximiser ma productivité. La nuit est souvent le moment où je prépare et planifie les tâches du lendemain. Cela me permet de commencer ma journée avec une vision claire de ce que je dois accomplir.
Le matin, je me consacre à la prospection, notamment sur les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn, où je recherche de nouvelles opportunités ou renforce les relations avec des partenaires et des clients. J’effectue également des présentations pour des clients potentiels, afin de leur proposer des solutions adaptées à leurs besoins.
L’après-midi est dédié à des sessions de travail collaboratif avec mon équipe. Nous discutons des progrès sur les projets en cours et je m’implique activement dans le développement des solutions, que ce soit en écrivant du code, en testant des fonctionnalités ou en ajustant les designs.
Quels outils de gestion de projet et de développement utilisez-vous, et pourquoi ces choix ?
– J’utilise plusieurs outils pour garantir l’efficacité et la fluidité de mon travail. Par exemple, GitHub et GitLab sont des plateformes essentielles pour la gestion des versions de code. Elles permettent de suivre les modifications apportées aux fichiers, de collaborer avec d’autres développeurs et de s’assurer que chaque version du projet est sauvegardée de manière sécurisée.
Pour gérer les tâches et organiser le travail d’équipe, j’utilise Trello et Jira. Ces outils permettent de visualiser les étapes d’un projet, de suivre les responsabilités de chacun et de s’assurer que rien n’est oublié.
Pour le design et le prototypage, j’ai recours à Figma. Cet outil est particulièrement utile pour créer des interfaces utilisateur interactives et collaborer avec des designers et des développeurs en temps réel.
Enfin, j’utilise Firebase pour la gestion des bases de données et des notifications push en temps réel. Ces outils sont fiables, simples à intégrer et permettent une collaboration efficace entre les différents acteurs d’un projet.
Quels projets considérez-vous comme les plus marquants, et pourquoi ?
– Parmi les projets qui m’ont le plus marqué, TPV se distingue particulièrement. Il s’agit d’une solution qui simplifie les transactions financières pour les établissements financiers et les institutions de microfinance.
Après son déploiement au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, son expansion au Cameroun est en cours. Un autre projet majeur est le système de sécurité routière, une solution qui utilise des applications web et mobiles pour collecter et analyser les données des sinistres.
Déployée dans quatre pays, cette initiative a eu un impact significatif contribuant ainsi à la sécurité publique. Je suis également très satisfait de l’agrégateur de paiements que j’ai développé.
Cette plateforme facilite les transactions commerciales et l’échange de cryptomonnaies, tout en garantissant une sécurité optimale et une grande rapidité d’exécution, ce qui la rend particulièrement fiable.
Enfin, il y a RAPIDO, une plateforme de VTC que j’ai créée pour le marché burkinabè et qui est un projet dont je suis particulièrement fier. Il offre une solution de transport moderne, fiable et sécurisée.
Comment voyez-vous l’avenir des technologies numériques en Afrique ?
– Je pense que l’Afrique est à un tournant décisif en matière de transformation numérique. Avec une adoption croissante des smartphones et une meilleure connectivité internet, des secteurs comme la fintech, la santé numérique et l’éducation en ligne sont appelés à connaître une croissance rapide. Ces innovations offriront des opportunités immenses pour améliorer la vie des populations tout en stimulant l’économie.
Qu’avez vous à ajouter ?
Mon ambition est de proposer des solutions innovantes et adaptées aux besoins locaux. Je suis convaincu que la confiance mutuelle et la collaboration sont essentielles pour relever les défis majeurs du pays.
Parmi mes projets phares figurent la digitalisation et l’automatisation des feux tricolores dans les zones urbaines, une initiative visant à réduire les accidents de circulation et à fluidifier la mobilité urbaine, renforçant ainsi la sécurité des usagers de la route. Je remercie toutes les personnes qui croient en la jeunesse et qui donnent l’opportunité aux jeunes de montrer leurs talents.
Farida Thiombiano
Lefaso.net