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Transformation digitale au Burkina : « Les entreprises ne doivent pas rater le train »

Lefaso.net

vendredi 3 juin 2022

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Le numérique, ce vaste ouragan qui bouleverse tous les domaines d’activités économiques, séduit certains entrepreneurs qui le perçoivent comme une mine d’opportunités insuffisamment inexploitée. D’autres par contre, épouvantés, le considèrent comme une menace au développement des affaires. Le sujet a été au cœur d’un panel organisé, ce vendredi 3 juin 2022, dans le cadre de la 1ère édition de la Rencontre des patrons burkinabè.


« Dans le nouveau monde, ce n’est pas le gros poisson qui mange le petit ; c’est le plus rapide qui mange le plus lent », disait Klaus Schwab, sur la transformation digitale. Et le Premier ministre Wilson Churchill d’avancer que « Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge ». Selon le Dr Serge Roland Sanon, expert des communications électroniques, ces deux citations invitent à la réflexion sur la problématique de la transformation digitale.

De gros chiffres

Dans son exposé, il a indiqué que le Burkina Faso comptait, au 31 décembre 2021, 24 millions d’abonnés à la téléphonie mobile (la plupart des Burkinabè ont plusieurs puces du même réseau ou sont abonnés aux trois réseaux, NDLR) dont 13 400 000 abonnés à l’internet mobile. Selon le cabinet Kepios, 4 milliards 650 millions d’utilisateurs dans le monde étaient actifs sur les réseaux sociaux et Facebook, YouTube, Instagram et WhatsApp figurent parmi les 17 médias sociaux, les plus en vogue.

Prendre en compte les nouveaux métiers

« Toutes ces statistiques mènent à la même conclusion. Nous avons à faire à un grand volume de données manipulées par la jeunesse, les entreprises, les usagers en général. Ce grand volume de données constitue le fer de lance de l’information qui est le pétrole du 21e siècle. Une donnée qui a du sens devient une information, une information qui a du sens devient une connaissance et à partir d’une connaissance, on peut en faire une compétence. Et qui dit compétence dit métier. Il y a de nouveaux métiers qui naissent dans les entreprises qu’il va falloir prendre en compte pour pouvoir suivre le train qui est en marche », a déclaré le Dr Serge Roland Sanon.

Les trois axes à développer

A l’en croire, toute entreprise qui veut entamer une transformation digitale afin de rattraper le temps perdu, doit développer trois principaux axes. « Tout d’abord, il doit développer l’axe de la communication interne, mais aussi externe à l’endroit des partenaires. Ensuite, il faut mettre l’accent sur la dématérialisation du processus de production, mais aussi au sein de l’administration dans le domaine des ressources humaines et des finances. Enfin, le dernier axe à prendre en compte doit concerner tout ce qui est relation client et marketing. Il existe des outils assez développés qui peuvent permettre aux décideurs d’avoir une longueur d’avance sur leurs concurrents ».

Une opportunité à des conditions

Selon le panéliste Adama Ouédraogo, administrateur général de SATEL SA, la révolution digitale est une opportunité ouverte pour le monde des affaires à condition qu’il y ait une volonté politique et que le système financier repense le financement du secteur du numérique. « Il faut que le système financier burkinabè prenne conscience que le numérique est un domaine jeune avec des acteurs jeunes qui n’ont pas eu le temps de constituer des ressources colossales comme garantie. Il faut également que les entrepreneurs prennent également conscience que le numérique est une opportunité d’affaires qui demande une certaine organisation, une synergie et des compétences », a déclaré le chef d’entreprise.

Les menaces

Toutefois, même s’il considère la révolution digitale comme une mutation culturelle du monde, Adama Ouédraogo attire l’attention des entrepreneurs sur les menaces qui accompagnent cette révolution. Pour lui, tout comme pour le modérateur du panel, Dieudonné Hubert Millogo, président du comité statutaire du Patronat burkinabè, la digitalisation a un risque de déshumanisation.

« La robotisation aura tendance à prendre la place d’une partie de la main d’œuvre. Le digital change en profondeur le marché du travail en créant de nouveaux métiers notamment dans le secteur du e-commerce. Autre menace, la digitalisation peut mettre à l’écart les non alphabétisés », a développé M. Millogo.

La formation comme point de départ

Pour lui, des questions restent encore pendantes et méritent d’être posées. Il s’agit de la disponibilité des infrastructures de télécommunication, la baisse du coût de l’accès à l’internet et l’amélioration du débit, la dématérialisation des procédures, la sensibilisation et la formation des chefs d’entreprises et l’intégration du numérique dans la formation scolaire et académique.

Sur ce dernier point, le Dr Yaya Traoré, Maître de conférences en informatique et représentant du ministère en charge de la transition digitale, dit que le gouvernement a pris la question de la formation à bras le corps avec la création de l’Université virtuelle et l’École polytechnique de Ouagadougou et l’intégration de filières innovantes dans les universités Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou et Nazi Boni à Bobo-Dioulasso.

Explorer les technologies spatiales

La révolution digitale n’étant pas envisageable sans la technologie satellitaire, l’ingénieur en génie électrique, Sékou Ouédraogo par ailleurs président de African Aeronautics and Space Organisation (AASO), a rappelé les différentes applications satellitaires qui vont de la lutte contre la sécheresse à l’imagerie médicale en passant par la téléformation. « Avec la miniaturisation des satellites dont le coût a baissé pour arriver à moins de 40 millions de francs CFA et l’avènement des machines capables de traiter des données phénoménales, nous pouvons accéder à ces technologies et faire profiter à nos populations des applications satellitaires et services associés », a-t-il laissé entendre.

Les intervenants du panel sont unanimes que les entrepreneurs tout comme les employés ne doivent pas avoir peur du changement de la transformation digitale. Ils doivent embarquer dans le train tout en faisant attention aux menaces en termes de cybersécurité.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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