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Facebook et Twitter en croisade contre le racisme : C’est bien mais...

LEFASO.NET

mardi 13 juillet 2021

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Facebook et Twitter en croisade contre le racisme ! Ces deux géants du web ont annoncé, lundi 12 juillet 2021, avoir supprimé des commentaires racistes à l’encontre des footballeurs Marcus Rashford, Jadon Sancho, Bukayo Saka, après la défaite de l’Angleterre en finale de l’Euro face à l’Italie. Il était temps. Mais cela ne suffira pas pour avoir la peau de ce fléau qu’est le racisme.


C’est connu dans le milieu du sport notamment le football. Quand tout roule, le Noir est dans les bonnes grâces de la presse et des supporters. Mais quand rien ne va, le Noir, autrefois adulé, devient mécaniquement la tête de turc. L’homme à « abattre ». La récente finale de l’Euro 2020, entre l’Italie et l’Angleterre, est venue rappeler à quel point il n’y a qu’un pas entre le fanatisme et le racisme.

Après leurs penalties manqués face à l’Italie, Marcus Rashford, Jadon Sancho, Bukayo Saka, ont rapidement été désignés comme boucs émissaires de cette finale de l’Euro. Sur les réseaux sociaux notamment, ils ont été la cible d’insultes racistes.

La purge de Twitter

Face à l’ampleur des propos intenables à l’encontre des joueurs, Twitter dit avoir supprimé plus de 1000 tweets à caractère raciste. « Au cours des dernières 24 heures, grâce à la combinaison de contrôles automatisés […] et de contrôle par des humains, nous avons rapidement supprimé plus de 1 000 tweets et suspendu définitivement un certain nombre de comptes pour infraction de nos règles », a déclaré un porte-parole du géant de la Silicone Valley.

Les condamnations

Outre la fédération anglaise de football et l’entraîneur Gareth Southgate, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a défendu les trois joueurs sur Twitter. « Cette équipe d’Angleterre mérite d’être traitée en héros et non de subir des insultes racistes sur les réseaux sociaux. Les responsables de ces abus effroyables devraient avoir honte d’eux-mêmes », a déclaré le chef du gouvernement.

De son côté, Facebook a également annoncé qu’il a supprimé « les commentaires et les comptes insultants ». Il a également promis de « continuer à prendre des mesures contre ceux qui enfreignent ses règles. D’ailleurs la police anglaise a annoncé avoir ouvert une enquête.

La mise en garde d’un ministre britannique

Twitter et Facebook ont bien intérêt à continuer dans cette lancée au regard de la mise en garde du ministre britannique de la Culture et des Sports, Oliver Dowden. Ce dernier a indiqué que si cela n’est pas fait, ces géants pourraient se voir infliger des amendes par le nouveau projet de loi sur la sécurité en ligne. Les amendes, selon le ministre, pourraient atteindre 10 % de leurs revenus mondiaux.

Si Twitter et Facebook ont bandé les muscles, notons qu’ils étaient presque muets quand certains joueurs de l’équipe de France, notamment Kyllian Mbappé et Paul Pogba se sont fait « descendre » sur la toile. Certes, le parquet de Paris a annoncé qu’une enquête a été ouverte notamment pour « injure publique à caractère raciste », à propos des messages publiés sur Twitter, mais les deux géants auraient pu prendre « des actions fortes » comme cela se fait sous d’autres cieux dans la lutte contre le terrorisme.

La justice française demande de la « transparence » à Twitter

D’ailleurs le média français Libération (dans sa version en ligne) a indiqué que la justice française a ordonné, mardi 6 juillet, à Twitter de communiquer, « dans un délai de deux mois, des documents détaillant ses moyens de lutte contre la haine en ligne, jugée défaillante par des associations telles que SOS Racisme, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et SOS Homophobie. »

La CAN 2017 en mémoire

S’il faut reconnaître que Facebook et Twitter sont prompts à prendre des mesures contre les propos ou insultes à caractère raciste en Europe ou partout ailleurs, en Afrique, force est de reconnaître que ces groupes traînent les pas. L’on se rappelle la Coupe d’Afrique des Nations Gabon 2017 et les propos racistes publiés sur Twitter, après la défaite du Maroc contre la République démocratique du Congo (0-1), de la Tunisie contre le Sénégal (0-2) et le nul entre le Zimbabwé et l’Algérie. Plusieurs internautes maghrébins ont qualifié les joueurs subsahariens de « singes », de « babouins », de « joueurs séropositifs » et de « ramasseurs de coton ».

Sauf erreur ou omission, les réseaux sociaux ont été presque aphones à ce moment-là. Un silence loin de ce que les internautes ont pu constater en 2020, lorsque sous la pression de certains gros annonceurs dont Coca-Cola et Unilever, Facebook a décidé de retirer les publicités qui affirment « que les personnes de certaines origines, ethnies, nationalités, genre ou orientation sexuelle représentent une menace pour la sécurité ou la santé des autres ».

Tenir compte des réalités africaines

Cet engouement de Facebook et de Twitter à lutter contre les propos racistes à l’issue de la finale de l’Euro est à saluer. Ces réseaux sociaux devraient avoir la même hargne partout. Toutefois, ils devraient aussi tenir compte des facettes culturelles des pays et faire la différence entre propos racistes et parenté à plaisanterie. Cette « parenthèse » ludique entre deux personnes d’ethnies différentes, au cours de laquelle certaines insultes sont proférées, n’est pas souvent du goût des régulateurs de contenus qui n’hésitent pas à restreindre certains comptes. La suppression des posts devrait tenir compte de cette réalité africaine. Et Facebook et Twitter devraient sérieusement se pencher sur la question.

HFB
Lefaso.net

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