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E-commerce : Bestmade Burkina est né

LEFASO.NET | Par Herman Frédéric Bassolé

jeudi 17 octobre 2019

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Le paysage du e-commerce au Burkina Faso s’agrandit avec l’arrivée de Bestmade Burkina. Fondée par un groupe d’étudiants, il s’agit d’une plateforme accessible à toute personne ou entreprise qui désire y ouvrir sa boutique. Ses promoteurs voient grand. Ils nous ont partagé leurs ambitions au cours d’un entretien réalisé en ligne. Lisez !


Lefaso.net : Comment vous est venue l’idée de créer bestmadebf.com ?

Bestmade Burkina : Un membre de l’équipe avait besoin d’un téléphone portable dont la marque n’est pas très populaire au Burkina. Il en a parlé à un collègue de service qui lui a montré un site de vente en ligne chinois que beaucoup de gens connaissent, sur lequel il pouvait en trouver. Il s’est dit, pourquoi ne pas mettre en place quelque chose de semblable au Burkina ? Une plateforme sur laquelle toute personne désireuse de vendre en ligne peut ouvrir sa boutique et vendre ce qu’il a de disponible.

Une plateforme qui vend tout ce qui est légal et autorisé. Pouvoir tout acheter à partir de chez soi et profiter au mieux de son temps de repos. En y travaillant, nous avons fait plusieurs constats : d’abord le manque de temps des clients, ensuite le manque de visibilité des commerces et enfin la possibilité que donnerait la plateforme aux clients de comparer les prix avant achat. Ces constats ont été pour nous, sources de motivation.

Combien de temps a pris la mise en place de la plateforme ?

Nous avons commencé à travailler sur le projet au mois d’août 2018, donc environ 13 mois. Nous prévoyions de commencer nos activités en début d’année 2019. Cela n’a pas été le cas. Comme on le dit souvent, l’homme propose et Dieu dispose. Et c’est en début septembre que nous avons effectivement commencé. Il faut savoir que nous sommes en amélioration continue et très bientôt de nouvelles fonctionnalités devraient nous permettre de rapprocher les clients encore plus des vendeurs.

Comment fonctionne la plateforme ? Parlez-nous de son mode de vente.

Il faut savoir que Bestmade Burkina (https://bestmadebf.com) n’est pas vendeur sur la plateforme. Toute personne désireuse ou toute entreprise, boutique physique ou virtuelle, a la possibilité d’ouvrir sa boutique sur la plateforme. Il suffit de s’inscrire en tant que vendeur. Une fois inscrit, le BestVendor a la gestion de sa boutique, il est le capitaine de son bateau. Il devra mettre ses produits et pourra suivre l’évolution de ses ventes sur la plateforme, faire la promotion de ses produits. En se rendant sur la page d’une boutique, le client a la possibilité de contacter le vendeur, soit en l’appelant sur le numéro de téléphone qui figure sur sa page, soit en envoyant un message directement, soit en remplissant les informations de la partie « Contacter le vendeur ».

Maintenant, pour être acheteur sur la plateforme, c’est-à-dire BestBuyer (tout le monde peut l’être), vous devez également vous inscrire en tant que client. Cela vous permet d’effectuer votre commande et de pouvoir suivre son évolution.
Faut-il le rappeler, c’est une plateforme multi-vendeurs où le client peut effectuer plusieurs achats, dans plusieurs boutiques avec une seule commande. Toutes les inscriptions sont gratuites.

Quels sont les modes de paiement qu’offre votre plateforme ?

Pour l’instant, seul le payement à la livraison est disponible sur la plateforme. Elle se fait entre le client et le vendeur. Ils peuvent s’entendre sur un autre moyen de payement. Libres à eux. Nous travaillons à la mise en place des moyens de payement par le mobile money très prochainement, et plus tard le payement par carte magnétique.

Il faut dire que dans notre pays, le payement par carte magnétique, surtout en ligne, n’est pas beaucoup utilisé et très peu de gens en possèdent. Mais comme je vous l’ai dit précédemment, nous sommes en perpétuelle amélioration. Nous travaillons à mettre en place un moyen de payement simple et sécurisé. Pour cela nous sommes entrés en contact avec un agrégateur de moyens de payements digitaux.

Quelles stratégies avez-vous mises en place pour la promotion de votre entreprise ?

Nous faisons la promotion sur les réseaux sociaux mais cela ne suffit pas. Nous sommes donc entrés en contact avec différentes stations de radio de la place afin de voir dans quelle mesure, nous pourrons faire passer des spots publicitaires ou des annonces. Nous pratiquons également le bouche-à-oreille. Vous savez, la publicité coûte cher, et nous ne pouvons pas nous permettre certaines stations radio ou de télévision. Cet entretien est également une occasion pour nous de faire connaître nos activités aux lecteurs de Lefaso.net. Nous vous en remercions.

Combien cela coûte-t-il de mettre en place un projet comme le vôtre ?

Avant de parler des coûts financiers, permettez-moi de m’attarder sur l’investissement personnel. Cela n’a pas de prix à mon avis.
Il faut vous mettre à la tâche tous les jours. Dans notre cas, nous avions, à un moment donné, arrêté de compter, financièrement. Pas parce que nous en avons beaucoup, mais cela nous démotiverait. Parce que si nous devions compter, notre projet ne verrait jamais le jour ; pour le budget dont nous disposions, nous aurions vite abandonné.

Quel retour avez-vous des clients ?

C’est relativement nouveau pour de nombreuses personnes au Burkina. La plupart nous reçoivent avec étonnement et admiration. Parmi ceux qui entrent en contact avec nous, nombreux sont ceux-là qui apprécient notre approche et sont prêts à nous rejoindre dans notre aventure. Certes, il y a eu des inquiétudes concernant les moyens de payement mais dans l’ensemble, le retour est encourageant.

A quoi ressemble la journée d’un entrepreneur dans le domaine du e-commerce ?

Nous nous fixons des objectifs en début de chaque journée. Travailler à les atteindre dans la journée et faire le bilan chaque soir. Dans ce sens, nous passons nos journées à communiquer avec des clients potentiels BestVendors et BestBuyers, aussi bien au téléphone qu’à travers les conversations WhatsApp. Nous parvenons souvent à fixer des rendez-vous dans le but de rencontrer ces derniers et discuter. Nous sommes presque tout le temps à la rencontre des gens, dans les bureaux, les ateliers, les boutiques et à la maison.

Rencontrez-vous des difficultés dans vos affaires ?

Comme toute entreprise qui débute, les difficultés ne manquent pas. Entreprendre est fait de difficultés, mais il faut relativiser, regarder les progrès que vous faites chaque jour, aussi minimes soient-ils, et continuer.
Vous savez, nous rencontrons toutes sortes de personnes chaque jour. Vous avez ceux qui croient en vous et vous encouragent, ceux qui vous disent que cela ne marchera jamais dans notre contexte, sans oublier ceux qui veulent profiter de votre inexpérience dans certains aspects de l’entreprenariat. Mais on fait avec et on apprend tous les jours.

L’un des problèmes dans le domaine e-commerce reste l’acquisition de trafic et notamment au niveau du référencement. Parlez-nous de votre expérience.

Effectivement, le référencement est important. Notre meilleur référencement sera les Burkinabè. Si les Burkinabè nous adoptent, le référencement sera plus que naturel et bien plus que ce que nos maigres moyens pourraient référencier. Néanmoins, avec l’équipe technique, nous travaillons à aider nos compatriotes à vite nous retrouver en ligne.

Quelle analyse faites-vous du domaine du e-commerce au Burkina Faso ?

De mon point de vu, nous sommes en retard dans l’adoption de cette façon de faire le commerce. Dans plusieurs domaines des sciences et des technologies, nous nous sommes réveillés en retard. Pour ce qui est du commerce en ligne, nous voyons chaque jour dans nos rencontres, que nous sommes habitués au commerce traditionnel. Malgré toutes les difficultés actuelles, ce domaine a de l’avenir au Burkina. Le futur se trouve en ligne.

Quels sont vos projets à court et long termes ?

A court terme, notre objectif est de rendre la plateforme plus conviviale, améliorer la communication entre BestBuyers et BestVendors.
Former les BestVendors à l’utilisation optimale de la plateforme, lancer l’application mobile Bestmade Burkina pour permettre aux BestBuyers de faire leur achat plus rapidement.

A moyen et long termes, notre ambition, c’est de mettre en place un service de livraison qui ira à la rencontre des clients, même les plus éloignés. Faire en sorte que les vendeurs les moins connus ou très éloignés puissent mettre les produits à la disposition des Burkinabè à travers notre plateforme. Vous savez, il y a des personnes qui font des merveilles avec leurs mains dans des endroits reculés du pays et qui sont méconnus, où très peu connus. Nous voulons leur offrir une visibilité.
Mettre en place, différents moyens de payement dont j’ai fait cas un peu plus haut.

Quels conseils donnerez-vous à ces jeunes qui aimeraient bien entreprendre dans le commerce électronique ?

Nous sommes nous-même jeunes dans la boîte. Nous ne sommes qu’au début. Nous n’avons pas encore réussi. Conseiller serait de la prétention. Permettez-moi quand même de dire quelque chose à ce propos. Rien ne peut se faire sans humilité. Ayez la crainte de Dieu. Croyez en ce que vous faites et n’ayez pas peur d’échouer.
Pour terminer, il faut résister. Quelqu’un disait un jour :« Si vous avez un ours derrière vous pendant que vous pédalez, vous n’avez pas besoin de chercher plus de motivation ailleurs ; elle est juste dernière vous ». Vous devez continuer à pédaler encore et encore, même si vous ressentez de la fatigue. Alors, si vous voulez entreprendre, résistez !

Propos recueillis par Herman Frédéric Bassolé

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