Téléphonie mobile : 2G, 3G, 4G explications avec un spécialiste
mercredi 30 janvier 2019
Nous employons très souvent à tort ou à raison les termes 2G, 3G ou 4G. A quoi renvoient-elles ? Pour en savoir davantage, nous avons rencontré, le dimanche 20 janvier dernier, Kévin Kaboré, intégrateur de solutions informatiques et marketing au groupe KYBA. Entretien.
Lefaso.net : Que revêtent les appellations 2G, 3G, 4G ?
Kévin Kaboré : Au passage il y a eu la 1G. La lettre « G  » veut dire tout simplement « Génération  ». Derrière la 2G, la 3G, la 4G et bientôt la 5G, il y a des normes établies par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Par exemple, la 2G correspond à la norme GSM, la 2,5G renvoie à la norme GPRS…
A l’époque, quand vous vous connectiez à la 2G, vous aviez dà » remarquer qu’il était marqué GSM, GPRS ou Edge à la barre de notification de votre téléphone. Ces normes vont aussi avec des équipements pour permettre à l’utilisateur d’avoir accès à internet de façon fluide, comme c’est le cas avec la 3G qui est une norme HSPA ou HSPA+ qui permet de télécharger et d’envoyer des données de façon plus rapide.
Maintenant avec la 4G la fluidité est meilleure avec un débit plus élevé avec la norme LTE (Long Term Evolution) et la norme Long Term Evolution Advanced.
Lefaso.net : Qu’est ce qui change réellement au niveau des équipements ?
Entre la 2G et la 3G, le changement n’est pas si énorme. Pour avoir internet, les opérateurs utilisent des pylônes sur lesquelles il y a des équipements. Ces équipements ne sont pas les mêmes, selon que l’on soit sur la 2G ou la 3G.
Aussi chaque technologie embarque une possibilité de transmission de données un peu plus élevées. Cela entraine automatiquement la possibilité chez l’Opérateur d’embarquer un débit internet plus élevé afin de le fournir aux clients. Donc pour chaque technologie, il y a les équipements qui changent mais aussi il y a la technologie de réception. On parle ici de Terminal ; c’est-à -dire qu’un téléphone peut être compatible 2G et ne pas être compatible avec la 3G, ou un téléphone peut être compatible avec la 3G et ne pas l’être avec la 4G ;
A la base, les Opérateurs sont des businessmen. La 3G n’a pas été lancée au Burkina dans toutes les villes de façon simultanée. Actuellement, il y a des zones qui ne sont pas couvertes par la 3G. Cela demande d’énormes investissements. Il y a les équipements, le renouvellement des puces, etc. Au-delà de cela, il y a l’agrément qui est une sorte de bénédiction légale du ministère de tutelle et de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP).
Lefaso.net : Vous avez tantôt parlé de normes…Faut-il un certain nombre d’années pour passer d’une génération à une autre ?
C’est une question de marché et de chiffres de d’affaires. Prenons le cas du Burkina Faso. On a un nombre d’abonnés sur le réseau et les opérateurs, à travers la technologie de transmission, ont des données sur chaque téléphone. Ils peuvent connaitre la marque du téléphone que vous utilisez et les nombres de téléphones compatibles avec telle ou telle technologie. Avant d’envoyer une technologie telle que la 4G, l’opérateur regarde si il y a assez de téléphones compatible avec la technologie.
Les gens ne le savent pas. La technologie GSM est apparue dans les années 90. Mais ce n’est pas en 1990 qu’elle est arrivée au Burkina Faso. C’est une question de logique de marché. Les Opérateurs sont des businessmen : ils vont voir en fonction de la demande de marché, quand est-ce qu’ils envoient la technologie dans le pays. La 3G est apparue dans les années 2000 mais figurez-vous que même la technologie a évolué sans être déployée partout. Les premiers ont commencé à déployer pendant que la technologie évoluait. Cela dépend donc du marché.
Lefaso.net : D’aucuns disent que la 3G servie en Europe n’est pas la même qu’en Afrique ?
Comme je l’ai dit ce sont des questions de normes et d’équipements qui vont avec ces normes. Maintenant, il y a aussi un autre volet qui est le débit alloué à l’équipement. Par exemple si vous avez un système électrique dans votre maison qui peut supporter jusqu’à 20 ampères, si vous injectez deux ampères là -dedans, c’est deux ampères que cela va distribuer. Chaque norme a un débit qui va avec.
Par exemple avec la norme théorique de HSPA+ qui est de 20 mégabits par seconde et la norme pratique qui est de 5 mégabits par seconde. C’est dire qu’il y a des débits qu’on ne peut pas dépasser. Il y a aussi la LTE qui peut aller jusqu’à 150 mégabits par seconde en théorie et 40 mégabits seconde en pratique.
Ce sont des normes déjà établies qu’on ne peut pas dépasser. Certes on peut aller jusqu’à 40 mégabits par seconde en pratique mais est-ce que l’opérateur pourra injecter un débit internet de base qui pourra nous faire atteindre les 40 mégabits par seconde ? N’oublions pas que les opérateurs au Burkina Faso prennent Internet ailleurs. C’est en fonction de la puissance qu’ils ont, qu’ils vont pouvoir injecter. Quand votre téléphone s’signale 3G, cela veut dire que l’équipement de transmission utilisé est un équipement 3G maintenant en arrière-plan, on ne sait pas quel débit l’opérateur a mis dans cette 3G. Maintenant, il appartient à la Ligue des Consommateurs de chercher à savoir quel débit a été alloué.
Lefaso.net : Est-ce vrai qu’avec une bonne connexion, on devrait pouvoir lire une vidéo sur YouTube sans interruption ?
En théorie, c’est vrai. Mais cela va dépendre du nombre de personnes qui utilisent le réseau. Au-delà de cela, il est important de savoir quel débit est alloué. Donc si les utilisateurs consomment plus que ce que le réseau fournit, la connexion sera mauvaise et on ne pourra pas lire les vidéos. La preuve est que souvent, tard dans la nuit, on arrive a bien naviguer parce qu’il n’y a pas beaucoup de personnes sur le réseau.
Lefaso.net : Qui dit 4G dit amélioration de la connexion internet. Mais cela va-t-il de pair avec la qualité du réseau pour ce qui concerne les appels ?
Non ça ne va pas ensemble mais cela va beaucoup aider. Vos lecteurs peuvent essayer une chose : activer la connexion internet et lancer un appel. Ils vont remarquer que le signal LTE (4G) ou 3G va disparaitre pour laisser place à un « E  ». Et après l’appel, quelques secondes après, ça redevient normal. Cela veut dire tout simplement que l’Opérateur choisit de faire passer la voix (les appels) par un canal.
On peut utiliser la 3G pour faire passer les appels, comme on peut la garder pour internet. Il y a aussi la puissance des équipements de traitement de données (routeurs) dont dépend la qualité d’appel. La mauvaise qualité d’appel survient lorsqu’il y a une surcharge sur le réseau surtout en périodes de fêtes parce qu’il y a beaucoup de données à traiter. Plus les équipements sont capables de traiter plus de données, plus le réseau sera plus fluide dans la partie voix, différente de l’internet, plus les appels seront de bonne qualité.
Lefaso.net : Toutes ces technologies ont-elles des inconvénients ?
En toutes choses, il y a des inconvénients. Il y a d’abord le coà »t. Vous remarquez que de plus en plus les prix des téléphones augmentent. L’année surpassée, on a passé la barre de 1000 dollars pour les téléphones standards des grandes marques comme Apple et Samsung. Plus vous avez des données qui arrivent rapidement sur votre téléphone, plus vous avez besoin d’un processeur qui traitent les données le plus rapidement possible pour un meilleur rendu.
Je ne suis pas médecin mais des personnes prétendent, que plus la technologie est évoluée plus la captation des données par le corps humain est élevée. Et que cela peut provoquer le cancer et provoquer la stérilité.
Lefaso.net : Un Opérateur a lancé récemment la 4G, pensez-vous que cela va apporter un plus à l’écosystème du numérique ?
A tous les coups, cela va apporter un plus. Prenons les applications. La 4G va permettre une plus grande fluidité des applications. L’application mobile, rappelons le, ne fonctionne pas sur votre téléphone. Derrière chaque bouton que vous appuyez dans votre appli, existe un lien qui mène à un serveur web qui fait le boulot. C’est donc important pour l’industrie numérique locale et les développeurs. Avec la 4G, vous verrez que le temps de latence sera réduit (Le temps que met votre requête pour atteindre le serveur).
Pour avoir une très bonne connexion, on n’a pas forcément besoin de la 4G. Rappelons qu’il y a d’autres façons d’avoir une bonne connexion par le système hertzien par exemple. Il y a d’autres opérateurs qui fournissent internet et avec la venue de la 4G, l’on peut dire que les opérateurs chercheront également à avoir de meilleurs débits pour vendre la connexion internet via le Wifi par exemple.
Lefaso.net : A quand la 5G en Afrique ?
Il y a des pays qui ont déjà commencé les tests de déploiement et de speed test, comme les États Unis et des pays asiatiques. La 5G va nécessiter des téléphones encore plus chers. Il appartiendra aux Opérateurs de juger de l’opportunité d’une connexion 5G.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net