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Entrepreneuriat numérique : Madi Kabré, l’homme qui se cache derrière le site MPCash

mardi 19 juin 2018

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MaximumPublicash (MPCash), vous connaissez ? Il s’agit d’un site de i-marketing (nouveau concept) qui regroupe plusieurs services comme le e-commerce, la publicité en ligne, la tontine électronique participative en ligne. En 2017, la société a lancé un vaste programme de vulgarisation de l’utilisation d’internet et d’achat en ligne, dénommé « 8 000 villages, 8 000 agents MPCash ». Derrière MaximumPublicash, se cache un Burkinabè, Madi Kabré. Portrait.


« Le Succès est un état d’esprit et l’homme n’a de valeur que par rapport à ce qu’il apporte à la communauté ». Telle est la philosophie de Madi Kabré, entrepreneur dans le BTP (Bâtiment et travaux publics) reconverti dans le i-marketing. Rien ne le prédisposait pourtant à se lancer dans cette nouvelle aventure, lui qui a décroché de « l’école du Blanc » assez tôt, en classe de 6e, pour se lancer dans « l’école de la vie », comme on le dit chez nous. Ferraillage, peinture, maçonnerie, carrelage, commerce de pièces détachées, Madi Kabré a tout expérimenté, jusqu’au début des années 90, où, de retour d’un voyage, il a constaté qu’il fallait changer de métier au regard des résultats peu reluisants d’une étude qu’il a menée sur le BTP.

« Le métier d’entrepreneur dans le BTP n’a pas d’avenir. Il n’y a pas un exemple à ma connaissance où le patron d’une entreprise est parti à la retraite pendant que l’entreprise continue de bien fonctionner. Dès qu’il n’est plus, l’entreprise disparaît en même temps que lui. Dans le BTP, vous verrez rarement une entreprise qui a cinq ans d’existence et qui n’est pas en faillite deux ans auparavant », soutient-il.

« Gagnez de l’argent, même en dormant »

« L’avenir se trouve sur Internet », croit dur comme fer Madi Kabré. « Si dans cinq ans votre commerce n’est pas sur Internet, vous allez mettre la clé sous le paillasson. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la réalité », argumente-t-il. Du BTP au i-marketing (nouveau concept à ne pas confondre avec le e-marketing), la transition n’a pas été simple, nous confie le promoteur de MaximumPublicash (MPCash https://www.maximumpublicash.com ) qui nous explique que le i-marketing regroupe plusieurs services comme le e-commerce, la publicité en ligne, la tontine électronique participative en ligne.

Le slogan de MPCash, c’est « Gagnez de l’argent, même en dormant ». Comment est-ce possible ? N’est-ce pas encourager la fainéantise des jeunes ? « Bien au contraire », répond Madi Kabré qui cite le penseur Warren Buffett : « Si vous ne gagnez pas de l’argent au même moment où vous dormez, alors vous travaillerez jusqu’à la fin de vos jours ». « Concrètement, ce slogan veut simplement dire qu’il faut savoir innover, savoir créer de l’actif qui travaille même quand vous dormez. La fainéantise, c’est un état d’esprit. Au Burkina Faso, tout reste à refaire. Il y a plein d’opportunités. C’est quand vous êtes pauvre d’esprit et animé d’une mauvaise volonté que vous prenez la fainéantise comme solution », balance-t-il sans détours.

Retrouver une pharmacie autrement

C’est donc par le travail que l’on serait tenté de dire que MPCash a su conquérir l’international au remporter plus de sept prix. L’application MPCash, téléchargeable sur Play Store est assez particulière car elle héberge une autre application sur la santé. « Un jour, j’ai rendu visite au père d’un de nos anciens stagiaires. Il était hospitalisé et respirait sous gaz. J’ai vu que les accompagnants avaient des ordonnances en main et ils devaient sillonner la ville pour trouver les produits demandés par les médecins. Ça m’a touché, et du coût j’ai voulu résoudre ce problème en mettant en place une solution pour que les familles trouvent la pharmacie de garde la plus proche et aussi s’assurer de la présence et du prix du produit », raconte-t-il.

Avec l’application qu’il a mise en place, vous avez donc la possibilité maintenant de connaître la pharmacie la plus proche de là ou vous êtes, de téléphoner pour avoir les informations sur le produit, sa disponibilité et son prix, et de vous faire guider vocalement sur l’itinéraire jusqu’à la pharmacie. Vous gagnez en temps et vous ne risquez plus de vous perdre en demandant où se trouve telle ou telle pharmacie. Au-delà de ça, vous pouvez retrouver aussi des restaurants, des stations-service, des épiceries et même le guichet automatique de banque fonctionnel le plus proche ».

Un programme ambitieux

Autre particularité de MaximumPublicash, c’est son vaste programme de vulgarisation d’internet et d’achat en ligne dénommé « 8000 villages, 8000 agents MPCash ». Lancé en 2017, ce programme consiste à attribuer des comptes détaillants Mobicash aux agents « qu’ils utilisent comme points de vente dans les villages pour nos produits en ligne ; lesquels produits sont livrés par Post’ Éclair de la SONAPOST (Société nationale des Postes, ndlr) ». Selon Madi Kabré, les agents MPCash ont comme avantages les commissions de vente des produits ONATEL, à travers les transactions Mobicash et les commissions de vente des produits E-commerce de MPCash qui sont crédités directement sur leurs comptes MPCash.

Des commissions à la clé

Il existe aussi les freelances des pays comme la France ou la Côte-d’Ivoire qui, foi du promoteur, gagnent aussi de la même manière les commissions de vente de produits MPCash, même si les agents villages ont un plus, puisqu’ils ont des comptes détaillants Mobicash associés à leurs activités. « Par exemple, si vous arrivez à inscrire 200 personnes en n’oubliant pas de mettre votre nom d’utilisateur (pseudo) pendant l’inscription dans la case ‘‘pseudo parrain’’, c’est comme si vous aviez construit votre portefeuille clients. Et au fur et à mesure que des membres de votre portefeuille clients achètent des produits du shop ou prennent part aux tontines électroniques du site, vous gagnez vos commissions. Donc plus votre portefeuille clients est important, plus vous gagnez de l’argent, même en dormant », explique le promoteur.

Incompréhensions

Des difficultés, il n’en manque pas, et pour Madi Kabré, elles sont énormes. « Vous avez des personnes qui sont des intellectuels mais analphabètes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Aussi, internet n’est pas dans les habitudes quotidiennes de la population. Donc, il faut aller lentement par des sensibilisations et des formations. Avec les clients qui sont ailleurs, nous n’avons pas ce genre de problème, parce qu’ils lisent les textes et si ça leur convient, ils adhèrent. Vous avez des gens qui pensent que nous sommes une banque où il faut déposer son argent et venir quand on manque d’essence pour faire un retrait », soupire-t-il.

Bientôt une plateforme de crowdfunding

Des projets ? Pour Madi, il ne faut parler de ses projets qu’après les avoir réalisés. Ainsi fait-il donc partie de ces personnes qui se méfient tant des usurpateurs de projets. Qu’à cela ne tienne, il nous confie que son Association Changeons l’emploi (ACE) ambitionne de s’implanter dans les 45 provinces du Burkina. L’un de ces grands projets est la mise en place de sites dans toutes les provinces pour la production de légumes bio pour le bien-être des Burkinabè ; des légumes qui pourront être exportés dans les pays voisins et même en Europe et aux USA. Mais pour la mise en place et le financement de tels projets, Madi Kabré a annoncé très bientôt la création d’une plateforme de crowdfunding. Ne jamais se fixer une limite, Madi Kabré s’est fait sienne cette pensée, car après tout, « qui ne risque rien n’a rien ».

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net