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Bagnomboé Bakiono, un activiste des entreprises sociales à la tête de la radio Ouaga FM

jeudi 25 septembre 2014

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Très connu dans le domaine de la lutte contre le VIH-SIDA, à travers son association dénommée Réseau africain jeunesse santé et développement (RAJS), il se définit comme un activiste des entreprises sociales. Depuis le 29 juillet 2014, Bagnomboé Bakiono est le directeur général de la radio Ouaga FM qui fêtera ses 15 ans le 02 octobre prochain. Qui est ce nouveau DG ? Portrait…


Après son Certificat d’études primaires (CEP) obtenu à Ténado dans la province du Sanguié en 1984, Bagnomboé Bakiono est envoyé au CEG de Bobo-Dioulasso pour y poursuivre ses études secondaires. C’est là qu’il obtiendra le BEPC en 1988. Mais ce ne fut pas facile pour ce fils de cultivateurs. « J’ai étudié dans mon jeune âge dans un milieu où j’ai eu beaucoup de difficultés. Loin de mes parents, j’étais avec un tuteur. Et par moment, il y a certaines informations qui m’ont beaucoup manqué. Ça fait que j’ai eu pas mal d’expériences assez douloureuses jusqu’au campus ».

C’est en 1992 qu’il obtient le Baccalauréat, série A. Ainsi, les portes de l’université de Ouagadougou s’ouvrent grandement à lui. Mais, là encore, rien n’est gagné. Il fait partie de la première promotion d’étudiants non boursiers. Il fallait donc se battre dans le RENBO (Rassemblement des étudiants non boursiers) pour obtenir l’aide, actuel FONER (Fonds national des études et de la recherche). Ils obtiendront gain de cause. D’abord, le montant octroyé est de 15 000f par an, ensuite il passera à 25 000f. « On nous appelait les moutons de parloir », se souvient-il.

Un ‘’averti’’ des questions de santé communautaire

A l’université de Ouagadougou, Bagnomboé se contentera seulement d’une licence en lettres modernes obtenue en 1995. Puis, plutôt que de chercher à devenir un professeur de Français dans les lycées et collèges, il s’engage dans l’associatif. Avec des amis, ils avaient créé dès 1994 une association intervenant dans le milieu universitaire. Elle deviendra une ONG et prendra la dénomination RAJS (Réseau africain jeunesse santé et développement) en juillet 2001. Grâce à cette structure qui l’a révélé au grand public, Bagnomboé Bakiono voyagera à travers le monde, participant à plusieurs conférences. Toute chose qui lui a offert plusieurs opportunités de formation. Aujourd’hui, il se définit comme « un sociologue averti sur les questions des populations, sur les questions de santé communautaire ».

D’ailleurs, il va repartir en 2006 à l’université de Ouagadougou pour une maîtrise en sociologie, qu’il ne réussira pas à terminer. Le système francophone, « trop formaliste », ne lui convenant plus très bien. En lettres modernes également, Bakiono a validé le certificat de maîtrise, mais jusque-là, il n’a pas encore soutenu son mémoire de maîtrise.
Qu’à cela ne tienne, grâce à son activisme, il réussira à suivre plusieurs formations de courte durée, dans les domaines suivants : genre et développement, la communication pour le changement de comportement, la gestion de projet, le leadership, la mobilisation des ressources, le management des organisations… Bagnomboé Bakiono partage ces expériences acquises dans le cadre de son action de développement, avec des étudiants. Ainsi, il est, depuis quelques temps, enseignant vacataire à l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Koudougou (sur l’entreprenariat des jeunes), et à l’Institut national de la jeunesse pour l’éducation physique et sportive (INJEPS) sur des questions liées à la santé.

Consolider les acquis de Ouaga FM

Depuis le 29 juillet 2014, il est le nouveau directeur général de la « radio de toutes les générations ». Mais, il n’est pas en terrain totalement inconnu. « Avant d’arriver ici, je faisais de la communication sociale », soutient-il. De ce fait, le nouveau DG de Ouaga FM estime être suffisamment outillé pour réussir sa mission. Car, « la radio, c’est aussi un média qui permet d’agir sur la conscience des uns et des autres. Pour moi, la seule différence, c’est qu’ici c’est commercial et de l’autre côté c’était purement social », lance-t-il.

Ouaga FM faisait déjà partie des radios les plus écoutées de la capitale. Il appartient à Bagnomboé Bakiono de consolider les acquis et introduire un certain nombre d’innovations, notamment adapter davantage les programmes. « C’est dans l’esprit d’écoute, dans la participation des collaborateurs, dans l’écoute de nos auditeurs et de nos partenaires que je compte réussir cette mission de consolider les acquis et pouvoir aussi continuer et faire en sorte qu’à travers des partenariats avec d’autres radios que Ouaga FM puisse être écouté dans les quatre coins du Burkina. Et pour ça, je suis bien armé parce que je suis un homme de relation, un homme d’écoute, un homme qui compte sur l’ensemble de mes collaborateurs », précise-t-il.

Mais, « nous sommes aussi dans un contexte où les gens aiment écouter leur point de vue à la radio, mais quand la radio cherche l’information, ils ne veulent pas donner. Il faut que l’information soit disponible pour permettre au journaliste d’être équilibré. Mais si les gens refusent de vous répondre, qu’est-ce que vous pouvez faire ? Vous êtes obligé de relayer seulement l’opinion que vous avez reçue », regrette-t-il.

Ouaga FM est né le 02 octobre 1999. Bakiono et son équipe prévoient d’organiser deux grands évènements à Ouaga et Bobo. Une façon de dire merci aux auditeurs, partenaires et autres collaborateurs, mais aussi leur dire que « nous allons continuer à travailler pour être le véhicule de leurs préoccupations auprès des décideurs ».

La politique aux politiciens…

Le nouveau directeur de Ouaga FM dit être apolitique. Car, étant de la société civile, « il est difficile souvent de mélanger le langage de la vérité au jeu de l’intrigue ». « Je suis politiquement engagé pour les questions sociales, pour les questions économiques, pour les questions de bien-être de nos populations, mais je n’ai pas de bord politique », précise-t-il.

Pourtant, Bagnomboé s’était fait remarqué en 2011 lors de la crise ivoirienne, à travers un mouvement spontané dénommé « J’aime ma patrie ». Là, avec d’autres jeunes leaders, il appelait à soutenir Blaise Compaoré dans la médiation. « Blé Goudé qu’on dit leader des jeunes en Afrique s’est érigé comme quelqu’un qui ne respecte aucune règle de courtoisie. Blaise Compaoré, qu’on l’aime ou pas c’est notre président. Donc, j’ai dit à mes camarades qu’on ne doit pas se taire face à cela. C’est vrai que ça s’est passé dans un contexte de chaleur politique où ceux qui n’aimaient pas le pouvoir trouvent qu’on doit les laisser insulter parce que ce sont eux qui ont cherché. Mais, quand on est activiste, on est un ambassadeur de son pays. C’est la raison pour laquelle, en ce moment on a décidé de dire non, « j’aime ma patrie ». Donc, nous avons décidé de soutenir le président dans cette action par rapport à la Côte d’Ivoire pour qu’on sache que c’est une cause nationale. Quand le problème passe, le mouvement aussi est terminé », explique-t-il.

Combler le manque d’information des jeunes

Né le 03 janvier 1970, Bagnomboé Bakiono est marié et père de trois enfants. N’étant plus jeune, il est depuis 2011 le président du conseil d’administration du RAJS, suite à la restructuration de la structure. Même si la sexualité est taboue en Afrique, il faut trouver des relais permettant de pallier le manque d’information, pense-t-il. Ce, afin de « permettre aux jeunes de ne pas tomber dans les affres de la vie sociale qui peuvent constituer des freins pour leur réussite sociale ». C’est d’ailleurs la raison de son militantisme, car lui-même ayant souffert du manque d’information à son jeune âge. Leader incontesté, il a participé à la mise en place du conseil national de la jeunesse ; de la coalition des réseaux et associations burkinabè de lutte contre le SIDA et de promotion de la santé ; et de la plateforme de la société civile…
Même étant désormais responsable d’un média, il n’entend pas se dérober des questions sociales.

Moussa Diallo
Faso-tic.net