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Salou Abdou Doro : « Il faut encadrer les offres promotionnelles des opérateurs de télécoms pour éviter des abus »

lundi 31 octobre 2011

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Que des bonus proposés par les opérateurs de télécoms. Que des griefs émis par la clientèle qui dénonce le manque de transparence dans la tarification des communications. A cette édition de la CARET, Abdou Doro Salou, directeur de la Gestion du spectre des fréquences radioélectriques à l’Autorité de régulation multisectorielle du Niger a fait une communication sur la régulation des promotions et des prix de détail dans son pays. Dans cet entretien, il nous parle de l’expérience du Niger dans la régulation des « promotions », des difficultés rencontrées et des enseignements qu’il tire de la rencontre de Ouagadougou.

Lefaso.net : Quelle est l’expérience du Niger dans la régulation des offres promotionnelles des opérateurs des télécoms ?

Abdou Doro Salou : Notre règlementation en matière de règlementations des offres promotionnelles n’est pas très explicite. En attendant donc une révision prochaine de la règlementation pour prendre en compte les promotions qu’offrent les opérateurs, la règlementation en vigueur exige que l’opérateur soumette à l’approbation de l’autorité de régulation ses tarifs de détail ou de promotion 15 jours avant. Après l’approbation de l’autorité de régulation, l’opérateur est encore tenu de faire la publication de ce tarif 15 jours avant qu’il ne soit appliqué. Compte tenu d’un certain nombre de comportements dénoncés par la clientèle nigérienne, notamment le flou dans la fréquence des offres promotionnelles, nous espérons qu’à l’avenir, un dispositif de mesure sera mis en place pour encadrer les offres promotionnelles. La particularité des offres promotionnelles est que les opérateurs voudraient qu’elles soient rapidement effectives avant les autres concurrents. Mais en réalité, il n’y a pas de soucis à se faire si les prix sont établis de façon transparente en respectant un certain nombre de principes généraux. De toutes les façons, tous les opérateurs doivent passer par l’autorité de régulation et sont tous soumis aux mêmes conditions.

Lefaso.net : Quels intérêts y a-t-il à encadrer les offres promotionnelles ?

Abdou Doro Salou : Si le marché n’est pas suffisamment concurrentiel, les services de télécommunications comme vous le savez ne sont pas des produits de consommation courante où la liberté sans encadrement est exercée, les opérateurs seront tentés d’abuser de leurs clients et d’avoir des comportements anti-concurrentiels, outrepassant un certain nombre de principes généraux. Il faut donc respecter le principe de transparence c’est-à-dire des tarifs clairs et précis sans abus caché. Si l’autorité ne procédait pas à des vérifications tarifaires, il y aurait des abus.

Lefaso.net : Les difficultés dans la régulation des tarifs ?

Abdou Doro Salou : Vous savez, même dans un environnement mono-opérateur, de total monopole où les tarifs étaient encadrés, ce n’était pas facile pour l’Etat de veiller à l’application des tarifs d’un opérateur à plus forte raison dans un environnement multi-opérateurs avec 5 opérateurs comme c’est le cas du Niger. Sans compter que jusqu’à présent, nous n’avons pas limité le nombre de promotions à réaliser par un opérateur, la durée, et surtout la fréquence. Ce travail n’ayant pas été fait, les clients sont sous le feu des promotions. Si nous devrions réguler ces promotions, il nous faudra mobiliser beaucoup de ressources humaines. Pour le moment et en fonction de nos ressources, nous procédons à des contrôles tarifaires, pas seulement des tarifs promotionnels mais également des tarifs ordinaires. Cette année par exemple, nous avons proposé de réaliser 4 contrôles tarifaires même si cela n’a pas été effectif par manque de ressources humaines. Une autorité multisectorielle qui régule 5 secteurs (Eau, Energie, Poste, Télécoms, Transport) et ne disposant que d’une trentaine d’employés (y compris les chauffeurs et plantons), la tâche n’est pas facile.

Lefaso.net : Quelles leçons tirez-vous de cette CARET, première du genre en Afrique ?

Abdou Doro Salou : Je tiens à féliciter l’ARCEP pour cette première. Ce fut un succès au niveau de la qualité des participants. Généralement dans ces genres de rencontres, nous sommes confinés entre experts télécoms mais cette fois, outre les professionnels des télécommunications, nous avons eu l’avantage d’avoir des universitaires, des acteurs de la société civile parmi nous. Cela a eu un impact certain sur la qualité des débats et des communications. Nous espérons que les enseignements seront tirés afin que les prochaines rencontres soient aussi fructueuses. Ce qu’on peut reprocher à l’organisation de cette CARET, c’est qu’il y a eu beaucoup de dispersion des thèmes abordés en trois jours. Si bien que les participants n’avaient pas souvent le temps de poser des questions, de faire des commentaires ou d’apporter des contributions. Pour les prochaines éditions, il faudra limiter les thèmes, ou se focaliser sur des thèmes particuliers pour les débats, desquels sort la lumière.
Nous espérons également que les communications faites au cours de cette conférence serviront à l’ensemble de la communauté des participants pour améliorer son travail. Nous, régulateurs, avons pu bénéficier des travaux de recherche des universitaires qui nous permettent d’avoir un nouveau regard sur notre business en tirant des enseignements pour de nouvelles perspectives en matière de régulation et de suivi de marché.

Tiga Cheick Sawadogo (stagiaire)
Faso-tic.net