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Suspension des émissions interactives : L’ANC va réclamer le départ de Nathalie Somé

lundi 25 mai 2015

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C’est avec la dernière énergie que l’Alliance des nouvelles consciences a dénoncé la décision du Conseil supérieur de la communication de suspendre les émissions interactives. Ses premiers responsables ont appelé les populations à sortir massivement le mercredi 27 mai pour soutenir les organisations professionnelles des médias à manifester contre la « sanction ». Un sit-in au cours duquel, l’ANC va réclamer le départ de Nathalie Somé, présidente de l’Institution. C’était au cours d’une conférence organisée ce lundi 25 mai 2015 à Ouagadougou.


« Nous allons demander le départ de Nathalie Somé, parce que nous estimons qu’elle fait partie des rescapés du régime déchu ». C’est l’un des messages forts qu’a lancés le président de l’Alliance des nouvelles consciences (ANC), Marc S. Bonogo.
Un message qui vient en réponse à la décision du Conseil supérieur de la communication (CSC) de suspendre des émissions d’expression directe. Une décision plutôt qualifiée de « sanction » par l’ANC qui est, à leur avis, un coup de poignard porté à la démocratie naissante du Burkina. Se disant, en effet, sentinelle de la démocratie au Burkina Faso, ce mouvement de jeunes estime qu’il ne peut rester de marbre face à une telle attitude du CSC. Selon eux, la décision de l’instance de régulation des médias est liberticide en ce sens qu’elle ne fait référence à aucun texte, aussi bien national qu’international. A titre d’exemple, citent-ils, la déclaration universelle des droits de l’homme qui reconnait en son article 19, le droit aux citoyens d’exprimer librement leurs opinions conformément au droit positif et cela sans être inquiétés par qui que ce soit. « Le pacte africain et la Constitution burkinabè non plus », renchérit Fernando-José Amara Sari, vice-président de l’ANC.
Pour les organisateurs, la décision du CSC vient retirer un des droits fondamentaux universellement reconnus au peuple burkinabè. Sans être exhaustif, les leaders de l’ANC estiment que, suspendre les émissions tels que « Affairage », « Ça nous concerne », « Ça va, ça ne vas pas », etc…. est frustrant. Pourtant, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 est le fruit de tout un quart de siècle de frustrations, d’amertumes... Aussi, n’arrivent–ils pas à comprendre qu’avant l’insurrection, aucune émission n’ait été interdite bien que les critiques fussent beaucoup plus poussées que celles qui sont entendues sous la Transition.

Quelle main invisible ???

La décision du CSC contre tous les médias ne devait pas l’être. Il n’est pas, souligne le vice-président de l’ANC, juridiquement fondé étant entendu que c’est plutôt la personne physique ou morale responsable de la faute qui mérite une sanction. C’est pourquoi, l’ANC voudrait bien savoir la main invisible qui se cache derrière cette « sanction » qui porte les couleurs du CSC. Les jeunes leaders de l’Alliance des nouvelles consciences doutent également de la bonne foi du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement de la Transition.

A les entendre, les propos du ministre Frédéric Nikiéma ne sont pas clairs lorsqu’il émet l’hypothèse de la saisine de la justice. Il veut donc, foi des leaders de l’ANC, s’en extirper. Selon les organisateurs de la conférence de presse, les nouvelles autorités de la transition craigne sans doute d’une deuxième insurrection, en témoigne les mises en garde sur les manifestations sociales, les critiques parfois acerbes portées à leur encontre.
L’ombre de Blaise Compaoré sur cette décision n’est pas à balayer du revers de la main, à en croire les jeunes de l’ANC. D’où la question à savoir si depuis Abidjan, l’ancien président Compaoré n’y est pas pour quelque chose car « tous les moyens sont bons pourvu que les fins soient atteintes ». Nathalie Somé étant notamment une rescapée du régime déchu, les doutes pourront être fondés.

Tous contre la décision de suspendre les émissions d’expressions directes !
L’ANC confie avoir le soutien des organisations professionnelles des médias. Il est, en effet, reconnu et soutenu par le Réseau des organisations des sociétés civiles pour une observation citoyenne des élections (RESOCEL) qui comprend naturellement les organisations professionnelles des médias. C’est pourquoi, il appelle, tout comme les professionnelles des médias, les populations à sortir massivement le 27 mai pour revendiquer les droits constitutionnels et à « ne pas permettre à des individus de rester dans leur salon feutrés pour prendre des décisions contre le peuple souverain ». Le combat de l’ANC est, selon les initiateurs, pacifique mais préviennent-ils : « toute personne qui va aller à l’encontre du processus de construction de la démocratie nous trouvera sur son chemin ».

Bassératou KINDO
Lefaso.net