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Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbelguem, directeur de l’AIB : Un « Yellow man » contre une léthargie prononcée

jeudi 11 février 2010

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A sa signature « Jolivet Emmaüs », l’on croirait avoir affaire à un européen. Et pourtant, bien qu’étant de teint clair, le nouveau directeur de l’Agence d’information du Burkina (AIB) est l’un de ces Burkinabè issus de la diaspora ivoirienne. Jolivet évoque le souvenir du père défunt de la sage-femme, religieuse italienne, qui a accouché sa maman. Emmaüs est le prénom donné par sa mère très catholique du courant « Renouveau charismatique » qui a voulu que son fils rencontre le Seigneur comme ses deux disciples sur la route de cette ville israélienne.


Né au cœur du pays Attié et Ebrié en Côte d’Ivoire loin de ses origines, à savoir le village Koro (Bagaré) dans le Passoré, Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbelguem effectue une bonne partie de ses études en Eburnie avant de rejoindre sa patrie où il obtient le Baccalauréat série D à Bobo-Dioulasso. Puis il suit des études de Lettres modernes et de psychologie à l’Université de Ouagadougou. Ensuite, il embrasse le journalisme, passant par la 15e promotion du CFPI, actuel ISTIC (2001-2003,) dont il est le major de la section journalisme. « Quand j’ai été admis au concours, je ne savais pas trop ce que j’allais devenir car l’intitulé portait sur un recrutement pour la section « programmes ». Il a fallu me référer à Baba Hama dont la fille fréquentait dans un lycée où j’étais employé. C’est lui qui m’a tout expliqué, conseillé et fortement encouragé. Je lui suis aujourd’hui reconnaissant », se souvient-il.

Ironie du sort, son destin semble lié à celui du journal Sidwaya où il est affecté en octobre 2003. Jolivet est né un 05 Avril 1974 à Abidjan alors que le quotidien d’Etat est fondé dix ans plus tard, soit le 05 avril 1984. Mais les liens entre l’homme et son journal ne s’arrêtent pas là. Sidwaya signifie en langue nationale Mooré « la vérité est venue » et ce journaliste dont le prénom « Sidbé » n’a rien de peulh sonne dans la même langue « la vérité est là ». Prédestination ou pure coïncidence ? Dans tous les cas, l’histoire entre l’homme et le canard se poursuit.

Aussitôt arrivé à Sidwaya, il est mis au charbon par le directeur général d’alors, Michel Ouédraogo à qui il reconnaît aujourd’hui toute la marque de confiance dont il a bénéficié pour la bonne amorce de sa carrière. « Avec Don Mike, soit ça passe, soit ça casse. Hors de sidwaya, c’est le grand frère taquin. Au boulot, c’est le manager qui veut des résultats ici et maintenant. Il n’y avait à ni petit ni grand journaliste, ni privilégié ni brimé. Chacun devait sa cote au jour le jour à travers ses productions. Si c’est bon tu as les lauriers. Si c’est pas bon attends-toi aux critiques pour t’amener à t’améliorer. Cette méthode dénuée de toute méchanceté a permis de maintenir le cap de la productivité et de l’excellence professionnelle. Il connaissait tous les agents par leur nom », se rappelle le nouvel affecté.

D’abord Jolivet Emmaüs est affecté au desk Economie et développement avant d’être successivement chef du desk Société et culture puis celui politique et actualité internationale (2006 à 2009). Animé d’un esprit vif et très imaginatif, ce fils de couple de commerçants est un accro de lecture abondante et des thèses libres. Très vite, il s’illustre dans ses articles à travers son style et la pertinence des sujets et force l’admiration des lecteurs. « Wariko », « Le Pouls de la cité » avec « L’image de la cité » et « Conscience en route », la campagne présidentielle avec Blaise Compaoré, les éditions 2008 et 2009 de la fête nationale, « Cocorico » lui ont donné un nom dans la presse écrite burkinabè.

« Le seul fait pour un journaliste de se rappeler que son nom est apposé au bas de son article lui commande une grande attention sur ce qu’il écrit », souligne ce journaliste au sourire permanent. En décembre 2009, il est porté à la tête de l’Agence d’information du Burkina (AIB) qui est aussi plus vielle que lui de dix ans. Là, les défis à relever sont énormes. L’AIB est une des directions des éditions Sidwaya qui a sombré dans une profonde léthargie. L’agence éprouve de réelles difficultés à accomplir ses missions premières et ne parvient pas à s’insérer dans le management général des éditions Sidwaya dont elle relève et a la particularité de disposer de correspondants dans les quarante-cinq provinces du pays.

« Toute nomination est à la fois une marque de confiance et de reconnaissance. C’est l’occasion d’exprimer ma gratitude au directeur général, que je considère comme un aîné dans la profession et avec qui j’ai d’ailleurs travaillé en tant que journaliste et entretient des rapports cordiaux. Pour ma part, il s’agit d’œuvrer dans un esprit de fidélité et d’équipe pour ne pas décevoir. Mon action va s’inscrire dans sa stratégie et ensemble, nous allons mener la bataille qui vaille pour le bel avenir », rassure-t-il.

Dans des locaux délabrés et sans moyens de travail, alors qu’une agence c’est la promptitude et la rapidité, la tâche du nouveau directeur est ardue. « Il n’y a pas de solution miracle, tous ceux qui se sont succédé ont apporté de la pierre à la pierre dans la limite de l’humainement possible. Il faut maintenant une volonté au plus haut pour replacer l’agence dans ses missions qui demeurent toujours nobles pour le pays », souligne-t-il.

Avant que les choses ne prennent leur envol après qu’il a proposé une feuille de route à la direction générale, il entend d’abord redonner confiance aux agents et ensuite se débarrasser de ce qui est improductif, obsolète. Mais loin de Sidibé l’idée de jouer au Zoro : « C’est bien que celui qui a l’idée a le mot mais il ne sert à rien d’être porté à la tête d’une structure et chercher à faire cavalier seul. Les succès solitaires sont très rares. Dans l’équipe commise à la tâche à l’AIB, il y a certains que je connais depuis l’université et nous avons toujours eu de bons rapports et d’autres sont même des parents d’amis. Je crois sincèrement pouvoir m’appuyer sur leur participation et leur engagement pour réussir ma mission pour laquelle je compte sur un réel soutien de tous ordres de mes supérieurs ».

Le nouveau directeur de l’AIB promet de travailler à l’adhésion de tous à sa nouvelle vision même si cela va prendre du temps. « Lorsque tout individu a les moyens pour accomplir une tâche et bénéficie de la considération qui y sied, il donne le meilleur de lui-même. Autant on peut reprocher à quelqu’un à qui on a tout donné de manquer d’intelligence pour aller de l’avant, autant il est malhonnête de vouloir s’en prendre à un travailleur qui n’a pas les outils de son boulot, que seul son intellect ne peut assurer. Il faut des armes pour mener tout combat. Autrement, c’est l’abattoir ».

Bien qu’il soit dans ses nouveaux habits de directeur, l’histoire entre Sidwaya et Jolivet Emmaüs Sidibé Pagbéléguem a pris un autre tournant, celui de la responsabilité administrative en plus du souci professionnel, puisque le promu n’a pas cesser de faire couler son encre sur les pages du « Journal de tous les Burkinabé ».

Moussa Diallo
Faso-tic.net