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Passage à la TNT : « Il est envisagé une défiscalisation à l’importation des décodeurs numériques »

jeudi 9 avril 2015

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Le basculement vers la Télévision numérique de terre (TNT) est fixé au 17 juin 2015 par l’Union internationale des télécommunications. Mais, cette date butoir ne sera pas respectée par le Burkina Faso. Faute de moyens financiers, assure-t-on. Pour appréhender au mieux les fondements de cette raison tenant au manque de moyens financiers ainsi que ses conséquences, la notion même de TNT, ses implications technologiques et réglementaires, le comportement à adopter aussi bien par les consommateurs que par les opérateurs économiques, nous avons sollicité et obtenu un entretien avec la directrice générale de la Société burkinabè de télédiffusion, Kadidia Sawadogo. Lisez plutôt !


Lefaso.net : Que faut-il comprendre par le concept TNT ?

Kadidia Sawadogo : La Télévision numérique terrestre (TNT) est le nouveau système standardisé de diffusion et de réception des programmes télévisés qui se substituera désormais au mode de diffusion analogique actuellement utilisé.
Cette nouvelle technologie a été conçue par les experts du monde des télécommunications dans le but de parvenir à une utilisation plus rationnelle et économique du spectre radioélectrique servant aux communications électroniques (bandes de fréquences allouées à la radio et à la télévision) et qui est une ressource limitée, non extensible.
Ce nouveau système permet de diffuser plusieurs programmes télévisuels sur une seule fréquence avec une excellente qualité d’image et de son.

Lefaso.net : Que gagne-t-on à passer à la TNT ?

La diffusion en analogique nécessite une bande de fréquence large pour le transport des signaux et exige une fréquence par chaîne alors que la TNT permet de diffuser plusieurs chaînes sur une seule fréquence.
Comme vous le savez, la bande de fréquences dite « Ultra Hautes Fréquences (UHF) est une denrée de plus en plus rare du fait de la forte demande dont elle fait l’objet de la part d’acteurs multiples, en l’occurrence ceux du domaine des télécommunications mobiles.
Le passage à la TNT va donc permettre de libérer des fréquences pour d’autres usages à valeur ajoutée (Internet mobile à haut débit, applications de nouvelles générations etc.). On parle alors de « Dividende numérique ».
Egalement, la diffusion en numérique offrira aux téléspectateurs une meilleure qualité d’image et de son, mais aussi la possibilité de la réception en haute définition, la TV portable, la TV mobile, les services de données, l’interactivité, etc…

Lefaso.net : Quelles sont les implications techniques et réglementaires du passage au tout numérique ?

Au plan règlementaire, il faut dire que le passage au numérique nécessite une modification des lois et textes en vigueur pour les adapter au nouveau paysage de l’audiovisuel. Ce nouveau paysage audiovisuel consacre le principe de la séparation des activités de diffusion de l’activité d’édition de programmes de télévision.

Sur le plan technique, il implique le choix de normes techniques, à savoir les normes de compression et de diffusion pour la TNT, mais aussi et surtout le déploiement de l’infrastructure du réseau numérique sur l’ensemble du territoire national.

Lefaso.net : Quels sont les défis à relever pour réussir cette transition ?

Les défis se situent à plusieurs niveaux : Il y a d’abord le défi du financement du processus car le coût de mise en place du réseau est significatif ; ensuite le défi commercial qui est celui de veiller à l’interdiction d’importer les postes téléviseurs non conformes aux normes adoptées dans notre pays.
Il y a également le défi social relatif à l’information et à la sensibilisation de nos populations sur la nécessité de passer au numérique ; les changements à opérer, les équipements adaptés, etc. Et enfin, le défi en termes de production de contenus, à savoir qu’il faudrait assurer le développement de la production audiovisuelle avec des contenus locaux qui répondent aux besoins de nos populations et contribuent à valoriser la culture nationale.

Lefaso.net : Le Burkina ne sera pas au rendez-vous du 17 juin 2015. Quelles sont les raisons de ce retard ? Et quelles en sont les conséquences ?

Comme nous l’avons déjà dit précédemment, la contrainte majeure est celle liée au financement des équipements du réseau de diffusion et la plupart des pays africains sont confrontés à cette difficulté.
Comme conséquences, il faut relever qu’à partir du 17 juin 2015, nos fréquences ne seront plus protégées par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Il nous appartiendra de nous accorder avec nos pays voisins dans le cas où ils nous devanceront dans la diffusion numérique pour éviter les brouillages (interférences dans les communications) sur notre territoire.
Egalement, nous ne pourrons pas respecter l’arrêt de la diffusion des émissions de télévision analogique au 17 juin 2015 pour la bande UHF (470-862 MHZ), alors que ces bandes de fréquences UHF sont désormais affectées à la Télévision numérique de terre (TNT) et à la Téléphonie mobile (TM).

Lefaso.net : A quel niveau se situe le Burkina en termes d’avancement vers cette transition numérique ?

Au Burkina Faso, depuis 2011, sous l’impulsion conjuguée du gouvernement, des acteurs nationaux, sous régionaux et internationaux, une feuille de route de la transition vers la TNT a été conçue et dont la mise en œuvre a permis des avancées notables dans la conduite du processus. Ainsi, nous disposons de la loi N°022-2013/AN du 28 mai 2013 portant réglementation de la radiodiffusion sonore et télévisuelle numérique de terre au Burkina Faso et de la plupart de ses textes d’application.
De ce nouveau cadre règlementaire, découle la création de l’opérateur de diffusion, la Société burkinabè de télédiffusion (SBT) qui a pour objet d’assurer l’exploitation du réseau numérique de la TNT.
Il y a eu également le choix des normes technologiques de compression et de diffusion au Burkina Faso, par un décret en conformité avec les normes choisies par les pays membres de l’UEMOA et même de la CEDEAO.
Il faut aussi noter comme acquis, que les études technologiques du réseau de diffusion numérique ont déjà été faites et le fournisseur chargé de mettre en place le réseau a déjà été identifié après une procédure d’appel d’offre.
Nous sommes donc à la phase de mobilisation des ressources financières nécessaires, et les démarches sont à une phase très avancée. Nous allons très prochainement lancer le démarrage des travaux.

Lefaso.net : Avec la TNT, les normes exigées pour les postes téléviseurs sont le MPEG4 AVC et DVB-T2, est-ce à dire que les autres types de postes devront être jetés à la poubelle ?

Les autres postes téléviseurs pourront toujours fonctionner. Il suffira de les adapter en connectant son téléviseur analogique ou numérique non conforme à un décodeur numérique de norme DVB T2 MPEG 4. Cependant les anciens postes téléviseurs noirs et blancs qui sont toujours utilisés ne pourront plus l’être même avec un décodeur.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui est prévu pour permettre aux consommateurs d’acquérir les équipements adaptés ?

La commercialisation des postes téléviseurs et des décodeurs est du ressort de nos opérateurs économiques qui exercent dans le domaine. Il leur appartient d’importer des postes téléviseurs numériques et des décodeurs numériques. Seulement, ces équipements doivent désormais répondre aux normes technologiques adoptées dans l’espace UEMOA. Un règlement interdisant l’importation des postes téléviseurs non conformes aux normes MPEG 4 AVC et DVB-T2 dans l’espace UEMOA a été adopté par les Etats.
Aussi, en termes d’accompagnement, il est envisagé une défiscalisation à l’importation des décodeurs numériques dans le but de réduire leurs coûts de revient aux consommateurs.

Lefaso.net : Pouvez-vous rassurer les Burkinabè qu’ils ne seront pas lésés du fait de ce retard ?

Nous pouvons vous assurer que le gouvernement travaille à réduire au maximum notre retard afin de réussir ce processus et satisfaire les attentes de nos populations. Egalement, des actions de coordination seront menées avec les pays voisins pour éviter tout risque de brouillage de nos fréquences durant cette période transitoire.

Lefaso.net : En attendant, quel comportement doivent adopter les consommateurs et les vendeurs d’appareils adaptés pour la TNT ?

Nous disons aux importateurs de postes téléviseurs que la transition numérique est une opportunité d’affaires pour eux avec le renouvellement du parc de téléviseurs numériques répondant aux normes, mais aussi la commercialisation des adaptateurs numériques à l’échelle nationale. Il leur appartient dès à présent de saisir cette opportunité et de mettre sur le marché les équipements adaptés, mais surtout de s’assurer de leur qualité pour éviter des déconvenues avec leur clientèle.
Quant aux consommateurs, ils seront informés à l’avance du début de la diffusion numérique et nous nous assurerons que la majorité de la population est dotée des équipements adéquats avant le basculement, car la réussite du processus en dépend fortement.

Entretien réalisé par Moussa Diallo
Faso-tic.net