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Journée internationale de la liberté de la presse : Le rôle des nouveaux médias dans la transformation des sociétés décortiqué

samedi 5 mai 2012

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Le Burkina Faso, à l’instar des pays du monde entier, a célébré la journée internationale de la liberté de la presse le 03 mai 2012 au Centre national de presse Norbert Zongo. Déclaration du 03 mai de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), présentation de la reliure de presse sur la crise au Burkina en 2011 et un panel autour du thème « nouveaux médias et transformation des sociétés : état des lieux au Burkina » ont constitué le menu de cette journée.


C’est le président de l’AJB, Jean Claude Méda qui a donné le ton, en rappelant la signification particulière que révèle cette journée pour tout journaliste, qui est l’occasion de célébrer la confraternité. « Nous devons nous tenir la main afin de surmonter les difficultés auxquelles nous faisons face », a-t-il soutenu. Puis, il a demandé à l’assistance d’observer une minute de silence pour la mémoire des confrères disparus au cours des 12 derniers mois. Du 03 mai 2011 au 03 mai 2012, ce sont 14 journalistes qui ont perdu la vie en Afrique dans l’exercice de leur fonction, dont sept en Somalie. Les journalistes burkinabè ont ensuite exprimé leur solidarité avec ceux du Mali et de la Guinée Bissau qui vivent une situation difficile suite aux coups d’Etat survenus dans ces pays.

Le prix de la meilleure journaliste du Burkina qui a été lancé à l’occasion de cette journée, vise à promouvoir et valoriser la profession de journaliste femme. D’une valeur d’un million de francs CFA, la lauréate recevra son prix le 20 octobre, date à laquelle le Burkina célèbre la journée nationale de la liberté de la presse. Le lancement de cette compétition, organisée par le Réseau d’initiatives de journalistes (RIJ) et la présentation et la remise symbolique de quelques exemplaires de la reliure de presse sur la crise au Burkina en 2011 réalisée par le centre de presse Norbert Zongo ont mis fin à la partie protocolaire de l’évènement.

Place ensuite au panel sur le thème : « Nouveaux médias et transformation des sociétés : état des lieux au Burkina Faso ». Le secrétaire général de la CIL (Commission de l’informatique et des libertés), Allassani Ouédraogo ayant fait défection au dernier moment, le panel a été animé par seulement deux communicateurs, Dr Cyriaque Paré, promoteur du portail Lefaso.net et Dr Sylvestre Ouédrago, président de Yam Pukri et Burkina NTIC.

Le monde de l’information et de la communication évoluant très vite, il était opportun de s’y attarder le temps d’une journée. Les nouveaux médias grâce au développement des TIC (Internet, journaux en ligne, réseaux sociaux, sms…) façonnent le monde, le mode de consommation de l’information et les procédés d’échanges et de communication entre les hommes.

Premier à intervenir, Dr Paré a focalisé sa communication sur « le rôle éventuel des médias sociaux dans la transformation de la société burkinabè, de par leur impact en matière de gouvernance ». Il est donc parti des leçons que l’on peut tirer du printemps arabe, avant de se pencher sur l’impact des médias sociaux en matière de transformation de la société burkinabè.

En Tunisie d’où est partie les révolutions arabes, Internet est très développé et les tunisiens suffisamment familiarisés avec ces outils de communication (2 972 340 utilisateurs de Facebook à la date du 1er mai 2012). D’ailleurs l’affaire Bouazizi qui a emporté le régime Ben Ali a été soulevée par un cyberactiviste qui a posté l’information sur Twitter. L’information sera reprise par un autre blogeur sur Facebook avant que les médias internationaux ne prennent le relai. Plus tard dans les autres pays comme l’Egypte, la Libye où le printemps arabe entraînera de grands bouleversements, Facebook, Twitter, You Tube, Dailymotion, apparaissent comme des médias qui joueront un grand rôle dans la collecte et la diffusion de l’information malgré des conditions d’expression difficiles », a rappelé Dr Cyriaque Paré.

Ainsi, si Twitter permet de diffuser rapidement une information, en version courte, il est plutôt réservé à des usagers plus élitistes. Facebook, plus dynamique et plus efficace, touche davantage de monde. Mais pour que la mayonnaise de la révolution sociale prenne véritablement, il faut un basculement de la contestation sur les médias traditionnels. « Il faut donc une passerelle entre ces médias et les réseaux sociaux et c’est une fois l’information reprise par les grandes chaînes internationales et les grands titres internationaux que le processus semble réellement enclenché », a précisé Dr Paré.

111 300 utilisateurs de Facebook au Burkina

Ensuite, le panéliste s’est appesanti sur le cas du Burkina. D’abord, il donne une idée plus ou moins exacte de l’expansion, de l’appropriation de ces technologies. Du bref panorama des réseaux sociaux au Burkina, on note que les principales plates-formes comme Facebook, Twitter, Dailymotion, You Tube, le premier reste sans doute le plus utilisé, et aussi le plus accessible en termes de technologie. Avec 111 300 utilisateurs, selon le site Social Bakers, le Burkina enregistre un taux de pénétration de 0,69% de la population totale et un taux de 62% de la population connectée. La frange la plus représentée est sans surprise celle des 18 à 24 ans et en termes de genre, et on a 74% d’hommes contre 26% de femmes. Même si, selon le conférencier, on aurait pensé le contraire quand ont voit l’engouement des jeunes filles qui en ont fait un nouveau territoire de drague, à l’image de ce qu’a été le téléphone ou le minitel rose.

Sur les autres plates-formes, on enregistre 3779 vidéos sur Dailymotion, 31500 documents sur You Tube, des contenus de qualité très divers et diversifiés.

Quant à l’appropriation de ces outils pour relayer les contestations sociales, il y a eu quelques tentatives au Burkina lors de la crise du premier semestre 2011 avec la création de groupes prônant le départ de Blaise Compaoré. On peut citer entre autres : Les groupes “Blaise Compaoré dégage”, « Blaise Compaoré doit partir », « Mouvement Blaise Compaoré doit partir », « La voix des Burkinabè”. Des groupes qui n’ont pas eu un réel impact sur l’évolution de la situation socio-politique.

Pour être réellement source de changement social, les médias sociaux ont besoin de passionnés, d’activistes. Mais aussi d’engagement et de relais de la part des médias traditionnels. Ce qui n’a pas été le cas au Burkina. « Il n’y a donc pas de miracle pour le moment en matière de transformation de la société par les réseaux sociaux. Les changements se feront certainement avec le temps, au rythme de l’appropriation de la technologie, rythme qui défend des conditions socio-économiques de la population burkinabè », constate Cyriaque Paré.

A la suite du promoteur du Faso.net, Dr Sylvestre Ouédraogo a lui axé son intervention sur l’expérience de Burkina NTIC en matière d’appropriation des TIC par des couches sociales habituellement marginalisées comme les paysans. Il a été beaucoup plus question du téléphone portable dont l’expérience est édifiante. Tout comme les réseaux sociaux, la téléphonie mobile a joué et continue de jouer, aux côtés des médias traditionnels, un rôle de catalyseur et de mobilisation.

« La combinaison des opportunités des médias traditionnels et de nouveaux médias élargit la liberté de la presse et la liberté d’expression ». Mais, pour que ça marche véritablement, il faut en plus des réseaux sociaux, des activistes, et des médias traditionnels et surtout internationaux comme relais.

Moussa Diallo
Faso-tic.net