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Agribusiness TV ou l’autre regard des jeunes sur l’agriculture et l’élevage

vendredi 6 mai 2016

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Voir, c’est croire. Tel est le slogan de Agribusiness TV, la première Web télé qui, comme son promoteur, Inoussa Maïga, croit qu’une autre vie est possible dans l’agriculture et l’élevage pour les jeunes africains. Elle a été lancée officiellement ce jeudi 5 mai 2016 par le ministre en charge de la communication au cours d’une cérémonie parrainée par Paul Taryam Ilboudo, PDG de la société agropastorale et de services (SAPAS).

L’agriculture souffre d’un problème d’image, elle intéresse moins les jeunes et ceux qui ont réussi dans le secteur ne sont pas suffisamment sous les feux de la rampe. Tel est le constat fait par Inoussa Maïga, directeur de MediaProd. A l’origine, son blog intitulé Googol Famers en 2013, disposait d’un espace où il publiait quelques vidéos en rapport avec le monde agricole. Aujourd’hui, Agribusiness TV est une réalité après avoir été retenu parmi 500 autres projets présentés lors d’un appel à propositions sur un projet portant sur les jeunes et l’agriculture lancé en 2015 par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA).A travers des reportages sur les meilleures réussites, cette web télé entend montrer aux jeunes, très souvent attentistes, qu’il est possible d’entreprendre et de gagner sa vie dans l’agriculture et l’élevage.


Un média mobile

Agribusiness ambitionne réaliser six reportages par mois d’une durée de 4 à 6 minutes grâce à ses correspondants présents au Cameroun, au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Quelques reportages sont déjà disponibles sur l’application mobile Agribusiness TV téléchargeable gratuitement sur Google play pour les utilisateurs d’Android et sur l’App Store pour les détenteurs d’un Smartphone fonctionnant sous iOS. C’est donc un média conçu pour le téléphone portable.

Mohamed Richard Moné, un exemple

Déjà, au cours de la cérémonie de lancement, trois mini-reportages ont été présentés au public. L’un d’eux met en lumière Mohamed Richard Moné, agent d’une ONG et jeune aviculteur. Sa ferme située à Loumbila est le refuge de 1010 poules pondeuses avec une production journalière de 900 œufs. Aussi, le jeune entrepreneur produit sur place l’aliment pour le bétailgrâce à un broyeur polyvalent. Pour les difficultés que rencontrent de façon générale les éleveurs et les agriculteurs, M. Moné souligne le difficile accès au financement puisque les banques considèrent l’agriculture et l’élevage comme étant des secteurs à risques. L’accès aux intrants et l’épineuse question du foncier ont été également relevé par le jeune aviculteur qui ambitionne être le « roi des œufs ».


Tout le monde ne peut pas être médecin

« A chaque génération son combat »,a lancé le ministre de la jeunesse, Jean Claude Bouda dans une vidéo diffusée au cours de la cérémonie. Pour lui, le salut de la jeunesse passe inéluctablement par l’agriculture. A sa suite, le parrain Paul Taryam Ilboudo dira : « J’aimerai bien que tout le monde soit médecin, professeur, instituteur, etc. Mais j’ai le regret de dire que ce n’est pas possible. On a au moins 100000 étudiants dans les campus. Si le cinquième réussit, ça fait 20000 cadres supérieurs titulaires d’une licence, d’un master et d’un doctorat. Vous croyez que le gouvernement peut les employer ? Ce n’est pas possible ! Mais l’agriculture et l’élevage peuvent les employer s’il y a une politique favorable ». Et pour que ces jeunes puissent s’intéresser au secteur, M. Ilboudo pense « qu’il faut tordre le bois pendant qu’il est vert », c’est-à-dire, inculquer aux jeunes l’amour de l’agriculture et de l’élevage dès leur jeune âge.

Créer des émulations et de l’entrain

Pour le ministre en charge de la communication, il y a des éléments pour lesquels l’Etat ne peut accompagner les jeunes et comme l’a dit le président du Faso à la 19e Journée nationale du Paysan, les acteurs doivent s’organiser pour obtenir les éléments sur lesquels ils veulent travailler. Et à l’Etat d’apporter son soutien. Toutefois, Remis Fulgance Dandjinoua déclaré qu’il verrait dans quelle mesure avec la télévision nationale, les reportages d’Agribusiness peuvent « servir d’éveil et créer des émulations et de l’entrain au niveau de cette jeunesse qui a besoin de se prendre en charge et de créer de l’emploi ».

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net