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Suspension des émissions interactives : Les organisations professionnelles des médias annoncent un sit-in pour le 27 mai

jeudi 21 mai 2015

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Le ton monte entre les Organisations professionnelles des médias et le Conseil supérieur de la communication (CSC). C’est le moins qu’on puisse dire eu égard à l’évolution de la mesure de suspension des émissions d’expression directe. Le communiqué du 16 mai de l’institution en charge de la régulation des médias qui fait croire que les professionnels des médias reconnaissent qu’il y a effectivement problème quant à la tenue des émissions, a été énergiquement démenti par l’organisation professionnelle des médias. C’était au cours d’une conférence de presse ce mercredi 20 mai. Par la même occasion, un appel a été lancé à tous les journalistes pour un sit-in le mercredi 27 devant le CSC.


Sidérées, les organisations professionnelles des médias disent l’avoir été après lecture du communiqué du Conseil supérieur de la communication du 16 mai dernier. Morceaux choisis, « les organisations professionnelles des médias ont reconnu que les émissions d’expression directe telles que conduites en ce moment posent problème ». Le communiqué poursuivait qu’au cours des échanges, « Il s’est dégagé l’impérieuse nécessité de mettre un accent sur la formation, l’éducation aux médias, l’application des sanctions telles que prévues par la loi… ».

S’inscrivant en faux à ce communiqué, elles ont fortement dénoncé « cette désinformation et la tentative de division du CSC ». Les organisations professionnelles des médias et le Conseil supérieur de la communication avaient en effet tenu une rencontre le 15 mai au cours de laquelle, soutient Justin Coulibaly du Centre national de presse Norbert Zongo, ils avaient réaffirmé avec force la nécessité de lever la mesure de la suspension des émissions. « Grande a été notre étonnement », confie-t-il de lire le communiqué du CSC.
A l’occasion de la conférence de presse, l’Organisation a lancé un ultimatum au CSC de lever dans les 72 heures qui suivent, la mesure liberticide. Aussi, poursuit Justin Coulibaly, « nous lançons un appel à tous les journalistes et professionnels des médias à se mobiliser pour faire échec à cette forfaiture ». La mobilisation que demande Justin Coulibaly se traduira par un sit-in devant le CSC.
Une invite a été aussi lancée à tous les défenseurs de la liberté de presse, les démocrates, les militants des droits humains et sympathisants et l’ensemble du peuple burkinabè à soutenir la lutte des hommes de médias pour le rétablissement des émissions interactives.

Faut-il véritablement se remettre en cause ?

Pour les animateurs de la conférence de presse, il n’y a pas raison de se plier à la décision de l’instance de régulation des médias. Il peut y avoir, certes, des dérapages et/ou des propos alarmants ou incendiaires dans les émissions interactives, mais soutient André Eugène Ilboudo, représentant des médias communautaires à la conférence de presse, dans ce cas « il faut plutôt sanctionner le média, mais pas toute la presse dans son entièreté ». La préoccupation de certains journalistes présents à la conférence de presse a été justement cette nécessité de remise en cause de la part des animateurs des émissions interactives et de leurs patrons.

Un journaliste a par exemple demandé s’il ne fallait véritablement pas se remettre en cause afin de recadrer certaines émissions. Pour Justin Coulibaly, cela pouvait se faire s’il s’agissait de question éthique ou déontologique. Suspendre les émissions est une atteinte à la liberté de la presse et si l’on n’y prend garde, avertit-il, le Burkina risque de vivre la même situation que le Burundi, où des médias, notamment privés ont été suspendus. « C’est un feu de paille, mais qui peut se transformer en un feu de brousse », laisse-t-il entendre.
Il y a aussi cette possibilité de poursuivre la mesure en justice. Le ministre de la Communication porte-parole du gouvernement, Frédéric Nikiéma a d’ailleurs suggéré cette procédure lors du point de presse le mardi 19 mai. Une proposition appréciée par les organisations professionnelles des médias qui l’inscrivent comme une des voies à suivre également. L’urgence reste pour l’heure la levée pure et simple de la suspension.

Bassératou KINDO
Lefaso.net