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Aïssata Sankara, rédactrice en chef de BF1 : Journaliste par passion

vendredi 24 octobre 2014

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Elle est la lauréate 2014 du prix de la meilleure journaliste, compétition organisée par le Centre national de presse Norbert Zongo, à l’occasion de la journée nationale de la presse célébrée le 20 octobre. Journaliste-reporter d’images (JRI), Aïssata Sankara s’est formée sur le tas. Et, aujourd’hui, elle récolte les fruits de sa persévérance. Depuis 2013, la native de San Pédro (Côte d’Ivoire) est la rédactrice en chef de la télévision privée la plus suivie du Burkina, BF1. Retour sur le parcours d’une passionnée du journalisme.


Elle était la vedette, ce lundi 20 octobre 2014. Pour cause, elle a été désignée lauréate de la 4e édition du concours de la meilleure journaliste de l’année au Burkina. C’est son reportage intitulé « Vie d’immigré burkinabè à Hambourg », réalisé pendant ses vacances en Allemagne qui lui a valu cette distinction.

Issue d’une très grande famille polygame, essentiellement commerçante, Aïssata Sankara nourrissait le rêve de devenir journaliste depuis l’adolescence. Dès la classe de 6e, elle avait pris sa décision : devenir journaliste. Et, elle s’est donné les moyens pour atteindre son objectif. Non sans difficultés.

Après l’obtention du Brevet d’études du premier cycle (BEPC), la petite « Aïcha » rentre au Burkina, son pays d’origine pour poursuivre ses études secondaires, sur insistance de son père. « Au départ, je n’ai pas voulu parce que quitter ses amis et ses habitudes pour partir ailleurs, ce n’est pas facile surtout pour une fille. Mais aujourd’hui, je me rends compte que mon père a été visionnaire », avoue-t-elle. Puisque quelques temps après son départ, se déclenche la crise de Tabou où plusieurs milliers de Burkinabè sont contraints de rentrer au bercail.
Une fois au Burkina, c’est au lycée Marien N’GOUABI de Ouagadougou qu’elle s’inscrit pour la seconde en 1999. C’est d’ailleurs là qu’elle obtiendra le baccalauréat série A4.

La persévérance malgré les échecs

Aïssata pense donc venue l’heure de devenir journaliste. Ainsi, elle passe le test d’entrée en arts et communication de l’université de Ouagadougou. Mais, elle échoue et se voit obligée de s’inscrire dans une autre filière. Avec quelques hésitations, elle s’inscrit au département d’Anglais dans la perspective d’être journaliste bilingue. « Parce que je n’avais pas renoncé à être journaliste », confie-t-elle. L’année suivante, elle retourne encore passer le test d’entrée en arts et communication. Elle échoue une fois de plus. Mais, ne se décourage pas. En troisième année d’Anglais, elle revient encore tenter sa chance. Mais là, son dossier est rejeté parce que son « BAC était vieux de plus de deux ans ». « J’étais complètement abattue parce que je tenais beaucoup à ça », se souvient-elle encore. Mais, il n’est pas question d’abdiquer.

Elle prend des renseignements au Burkina et en France sur les écoles de journalisme. « Là, j’ai trouvé une école en France et j’avais entamé les démarches avec ma famille et je devais partir en France pour faire des études en journalisme », explique-t-elle. Et, c’est là que tout se précipite. La télévision privée Canal 3 lance un test de recrutement d’une assistante-programme, en 2006. Lorsqu’elle apprend, elle hésite à déposer son dossier. C’est d’ailleurs l’un de ses amis (Soulama qui est actuellement à BF1) qui gardait la plupart de ses dossiers, y compris ses diplômes, qui l’a fortement encouragée à prendre part au test.

Canal 3 a été une vraie école

« A ma grande surprise, il a constitué le dossier et un matin il est venu me le tendre dans une chemise en me disant : tiens et va déposer à Canal 3 », se souvient Aïssata Sankara. Après une série d’entretiens, elle est retenue. Tout en suivant la formation en assistance-programme à Canal 3, elle suivait ses cours de maîtrise en Anglais.
Un an après, il lui est proposé d’animer parallèlement « Vous avez la parole », la première émission en direct de Canal 3. En fin 2008, elle intègre la rédaction, comme présentatrice du journal télévisé (JT) que venait de lancer Canal 3. « Le jour où je ne présentais pas j’assurais l’édition du JT », se rappelle-t-elle.

A un moment donné, elle voulait s’imprégner de tout ce qui se passait sur le terrain, plutôt que de se contenter de la présentation, entre quatre murs. L’ouverture de BF1 en 2010 lui offre cette opportunité. Sans avoir l’assurance d’être retenue par la nouvelle chaine, elle rompt son contrat avec Canal 3. Heureusement, après un mois d’incertitude passé à la maison, Aïssata est appelée par la direction de BF1. Et depuis, c’est là qu’elle monnaie ses compétences. Mais, elle reconnait que « CANAL3 a été une vraie école de formation ».

Quelques formations de courte durée

Quelques mois seulement après son arrivée à « la télé qui ose », Aïssata obtient une formation en JRI au Maroc. « Quand je suis revenue en 2011, j’ai changé le contrat que j’avais avec BF1, pour travailler avec Afrik-TV qui venait d’ouvrir à Paris. Donc, je ne pouvais pas à être en temps plein à BF1. Entre temps, Afrik-TV a commencé à ne plus trop donner. Donc, j’ai décidé de me consacrer entièrement à BF1 qui était en train de prendre ses marques à Ouaga », explique-t-elle.

Entre temps, elle a pu suivre des formations de courte durée en France et au Brésil. Mais aussi, elle a obtenu une bourse pour un stage aux USA, grâce à sa maîtrise de l’Anglais. Aussi, sa maîtrise de l’Anglais lui a permis d’effectuer des missions dans des pays anglophones lorsqu’elle travaillait pour Afrik-TV. Des formations qui lui ont permis de se perfectionner. Depuis 2013, Aïssata Sankara est la rédactrice en chef de BF1. Là, elle dirige une équipe très jeune, assez soudée et très dynamique, qui lui fait confiance. Aïssata est convaincue d’une chose : « c’est dans le travail qu’on se fait de la place ». Et, elle dit s’y adonner sans compter.

Des défis immenses

Les prochains défis de la rédactrice en chef sont énormes. Il s’agit du lancement d’un JT de 13h, d’un JT les dimanches et d’un grand journal. A travers le grand journal, chaque mois, un journaliste va travailler sur un grand reportage qui va faire l’objet d’une émission. Toute chose qui permettra de faire du journalisme vrai e, lieu et place de la communication.

L’autre défi, c’est de mettre l’accent sur les reportages de proximité. Pour réussir, elle aura besoin d’une équipe plus étoffée. Et la direction générale de BF1 y pense.

Accorder un statut aux JRI

Le métier de journalisme nourrit difficilement son Homme, reconnait-elle. C’est pourquoi Aïssata plaide pour une relecture de la convention collective. « En relisant la convention collective, il faut qu’on revoie le statut des JRI. Un JRI permet à un média audiovisuel de rentabiliser parce qu’il fait à la fois le travail de journaliste, monteur, cameraman. On ne demande pas trois salaires mais, vu qu’on fait faire des économies aux entreprises, il faudrait qu’on revalorise aussi le salaire des JRI. Aujourd’hui, on n’apparait même pas dans la convention collective. Il faut que la convention collective nous prenne en compte », insiste-t-elle.

A 32 ans, Aïssata Sankara estime ne pas être encore au sommet de son art. Pourtant, elle est déjà lauréate de trois distinctions dont un prix Galian.

Moussa Diallo
Faso-tic.net